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Mémoire de la présence Française au Maroc à l'époque du Protectorat
 
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 MAROC, Atlas historique, géographique, économique. 1935

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Paul CASIMIR





MAROC, Atlas historique, géographique, économique. 1935 - Page 4 Empty
MessageSujet: MAROC, Atlas historique, géographique, économique. 1935   MAROC, Atlas historique, géographique, économique. 1935 - Page 4 EmptyMar 27 Mai - 12:40


On peut donc s'attendre a voir la produc­tion dépasser, l'année prochaine, le chiffre de 50.000 tonnes, première étape d'une croissance qui ne s'arrêtera pas là. Le tonnage reconnu avec certitude dans le bassin (40 millions de tonnes), la réserve probable étant de 100 à 200 millions de tonnes, permet en effet pendant de nombreuses années une extraction de plusieurs centaines de milliers de tonnes.

L'équipement de la mine sera terminé pour janvier 1936. Cet achèvement qui aurait pu être réalisé plus tôt, a été condi­tionné par l'achèvement de la voie ferrée normale d'Oujda à Nemours, indispensable pour l'acheminement des produits vers la Méditerranée.

MAROC, Atlas historique, géographique, économique. 1935 - Page 4 Bbscan13

Maisons berbères du Moyen Allas.
Tant que cette voie demeure en construction, l'exploi­tation marche au ralenti et doit limiter son activité aux travaux d'équipement. La production correspondante (100 tonnes en moyenne par jour) provient surtout des chantiers de préparation ou des chantiers d'essais destinés à pré­ciser les méthodes les mieux adaptées à une exploitation de grand débit, et à former la main-d'œuvre spécialisée.

Un premier siège pouvant débiter 200.000 tonnes par an est en cours d'équipement et la pose du câble de 22 kilomètres qui doit relier le puits d'extraction à la gare d'embarquement de Genfouda est achevée. Un village européen et un premier village indigène pour 500 à 600 ouvriers sont déjà sortis de terre.

On peut donc estimer que cette exploitation, prenant une part importante des marchés marocain et oranais, et exportant ses produits de choix en Europe, poussera sa production dans quelques années à 200.000, peut-être même 300.000 tonnes, constituant l'une des industries les plus importantes du Protectorat.


3. LE MANGANÈSE.

Le manganèse abonde au Maroc, dans le Sous et dans le Maroc oriental.
Le gisement le plus anciennement connu, et qui a donné lieu, avant 1928, à de grands espoirs spéculatifs, est celui de Bouarfa, à 300 kilomètres environ au Sud d'Oujda. Il est très difficile d'en apprécier exactement le tonnage, mais les premières évaluations apparaissent aujourd'hui fantaisistes et le tonnage reconnu avec certitude à l'heure actuelle ne dépasse pas 400.000 tonnes.

C'est le Sous qui, au Maroc, est le vrai pays du manganèse. On l'y a trouvé en quantité importante en quatre points : entre l'Asif-n-Aït Douchden, et le Siroua, à Tiouyinc et Migoudad, à Flinini, à Tasdremt enfin. Ce dernier gisement est le plus proche de la mer (180 kilomètres d'Agadir). La réserve s'y monterait à 800.000 tonnes, mais il contient une importante proportion de plomb.

D'autre part, les travaux de reconnaissance qui ont déjà conduit à l'Ilmini à l'exécution de plus de 10 kilomètres de galeries et au quadrillage des deux lentilles connues, ont confirmé l'existence d'un tonnage d'au moins 4 millions, et probablement 8 millions de tonnes d'un minerai à forte teneur. C'est donc le plus important gisement de manganèse du Maroc; la principale question à résoudre pour son exploitation sera prochainement celle des transports.

MAROC, Atlas historique, géographique, économique. 1935 - Page 4 Bbscan14

Village du Haut Atlas.


4. - LE PLOMB ET LE ZINC.

Le plomb et le zinc ont été trouvés en quantités et qualités très variables au Maroc; dans la vallée de l'Agoundis, au Jebel Erdouz, dans l'Assif el-Ma!l, dans les Jebilet et les Rehamma, à Sidi Bouotmane au Nord-Est de Benguérir et au Jebel Boudahar (Maroc méridional), au Jebel Aouam (Maroc central), à Sidi Lahsène, au pied du Jebel Mekam, au Sud de Taza au Jebel Chiker, au Sud d'Oujda, à Boubeker et Hassi Touissit (Maroc oriental), ce dernier gisement étant actuellement le plus riche du Maroc pour la teneur.

Mais le gisement de beaucoup le plus important qu'on connaisse dans le Protectorat est celui d'Aouli, près de Midelt, dans le Maroc centre-oriental.

L'équipement de la mine a été achevé au début de 1934, par la construction d'une centrale hydroélectrique. Rapproché de celui, beaucoup plus modeste mais non moins solide, des autres mines marocaines, il met dès maintenant le Protectorat en mesure, techniquement, de fournir 30.000 tonnes de plomb par an, ou les minerais équivalents.

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MessageSujet: MAROC, Atlas historique, géographique, économique. 1935   MAROC, Atlas historique, géographique, économique. 1935 - Page 4 EmptyMar 27 Mai - 12:52


5. — LE MOLYBDÈNE ET LE COBALT.

Il faut signaler également parmi les exploitations immédiatement possibles au Maroc, celle du molybdène d'Azegour, près d'Amizmiz, au Nord du Grand-Atlas, et celle du cobalt, entre Tazenakht, Bouazzer et el-Graara dans la région d'Ouarzazate, sur le versant Sud du Grand-Atlas. Assez complexes, ces derniers minerais ren­ferment du nickel, parfois une proportion notable d'or.

Molybdène et cobalt apparaissent, phosphates et anthracite mis à part, comme les seules mines marocaines susceptibles d'une exploitation immédiatement rémunératrice sans protection spéciale. Leur production jusqu'ici limitée cependant à celle des chantiers de préparation ou d'essai, a fait immédiatement apparaître la valeur marchande de leurs produits. Durant la seule année 1934, 1.230 tonnes de cobalt valant près de deux millions de francs, sont sorties des ports marocains. Les chiffres correspondant ont atteint, la même année, pour le molybdène, 149 tonnes 3 de concentré, valant également près de deux millions.


6. - LE FER.

Très abondants, mais d'exploitabilité différée tant que les prix mondiaux ne remonteront pas à des niveaux conformes à ceux de 1929, les minerais de fer marocains n'en constituent pas moins l'une des ressources impor­tantes du potentiel économique chérifien.

Les gîtes sédimentaires sont au total assez pauvres; on trouve du minerai oolithique à Tiflet (300.000 tonnes), à Camp Boulhaut (3 mètres de zone riche à 48-50 %) et à Keradid (couche de 2 m. 50 à 3 mètres riche à 45 % de fer dans le gîte oriental). Beaucoup plus intéressant est le gîte de Khénifra où est actuellement reconnue la plus grosse part de la réserve du Maroc français. Les difficultés d'exploitation étaient surtout d'ordre technique, car il a fallu rechercher des procédés nouveaux pour éliminer le soufre, la silice et surtout la barytine.
La mise en valeur de ce gisement, étudié complètement en 1930-1932, pourra être entreprise lorsque les cours du minerai de fer seront revenus à des taux normaux.

Nous ne mentionnerons ici que pour mémoire les autres gîtes métalliques du Maroc, d'exploitabilité incertaine : titane et cuivre. Ce dernier a été reconnu en particulier dans le Maroc oriental, à Debdou, dans les Jebilet à l'Ouest d'el-Kelaa, dans le Sous au couloir de Bigoudine. Ces deux dernières zones paraissent actuellement seules susceptibles d'une exploitation intéressante.

Le massif granitique d'Oulmès est sillonné de filons de cassitérite qui permettent d'envisager une pro­duction non négligeable d'étain.

Il faut signaler, enfin, les gisements de graphite amorphe de la région de Marrakech. Malgré leur tonnage certainement considérable, la faible valeur du produit, ses utilisations restreintes (peinture, graissage) rendent peu probable une reprise prochaine de leur exploitation.

7. - LE PÉTROLE.

Un remarquable ensemble d'indices de pétrole se trouve réuni dans la zone qui se confond à peu près absolument avec le Prérif des géologues (triangle compris entre Larache, Taza et Meknès). Après les premières reconnaissances de quelques hardis pionniers d'avant-guerre, les travaux sérieux n'ont commencé qu'en 1918, et leur histoire peut se diviser en deux époques.

Dans la première (1918-1928) des sociétés privées, à capitaux français, ont conduit isolément des recherches, avec des moyens limités, dans un pays peu connu géologiquement, à circulation difficile, et encore peu sûr.

La deuxième époque a commencé avec la résolution prise par le secrétaire général du Protectorat, M. Eirik Labonne, de tirer au clair définitivement la question. Il créa un organisme d'Etat : le bureau de recherches et de participations minières qui, avec l'appui officiel français, d'une part (Office National des Combustibles liquides et Compagnie française des Pétroles) et quelques sociétés privées françaises et belges (notamment la Société Financière franco-belge de Colonisation et Ougrée-Marihaye) constitue dès 1929 les principaux organismes finan­ciers qui participeront à la recherche.

Les travaux, commencés effectivement en 1929, ont nécessité une importante mise au point technique (surtout formation de personnel) et géologique (définition de méthodes sûres de détermination stratigraphiques). Les forages sont actuellement poursuivis uniquement au rotary.

Les premières recherches ont porté sur la zone helvétienne du Rharb, et surtout là où l'helvétien fait place au flysch éocène. De nombreux sondages, dont l'un a atteint 2.138 mètres, ont démontré que l'helvétien repose en discordance sur le flysch, et que l'huile est originaire d'au-dessous de ce flysch. Mais les recherches du Rharb ont changé d'objectif à la suite des résultats obtenus dans une autre région.

Dans la région du Selfate, on a étudié par sondage des plis à noyau liasique, et on a mis en évidence des niveaux d'huile d'importance industrielle, dans ce lias. Une éruption, en 1934, a donné 250 tonnes de débit journalier initial.

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MessageSujet: MAROC, Atlas historique, géographique, économique. 1935   MAROC, Atlas historique, géographique, économique. 1935 - Page 4 EmptyMar 27 Mai - 13:15


A la suite de cet événe­ment, le premier de cet ordre qui se soit produit jusqu'ici, non seulement en pays rele­vant de l'autorité française, mais à une distance aussi ac­cessible des centres vitaux de la nation protectrice, la pros­pection s'est tournée vers l'étude systématique des ni­veaux liasiques pouvant cons­tituer des « magasins ». Dis­posant de huit appareils de sondage de puissances variées, ses premiers résultats (exclu­sion, au Selfate, de l'hypo­thèse de la « poche » res­treinte, et vérification de l'existence d'au moins une couche poreuse non inondée, d'une production initiale de 15 à 20.000 litres d'huile par jour - découverte, au Boudrâa à 2 kilomètres de PetitJean et à plus de 15 kilomètres en ligne droite du Selfate), d'une autre couche d'une production initiale comparable à celle de la précédente - indices concordants à Bab-Tisra et à l'Outita) ont confirmé au début de 1935 l'intérêt de la campagne entreprise.

Aussi, le gouvernement du Protectorat, s'inspirant de ce qui a été fait par exemple en Syrie à la suite de la découverte des pétroles irakiens, et plus récemment des mesures adoptées par les autorités de la zone espagnole du Maroc, a-t-il édicté le 2 mai 1935, et conformément aux dispositions prévues par le dahir régulateur de 1929, un dahir réservant à l'Etat la prospection et la recherche des gisements dans un périmètre délimité comme suit : « La côte de l'océan Atlantique de Rabat à la frontière de la zone espagnole; ladite frontière de l'océan Atlantique à la Moulouya; le cours de la Moulouya jusqu'au pont de la route de Meknès à Midelt, par Timhadit; « ladite route jusqu'à Meknès; la route de Meknès à Rabat, par Khémisset jusqu'à Rabat.»


MAROC, Atlas historique, géographique, économique. 1935 - Page 4 Bbscan15


V. — L'INDUSTRIE MAROCAINE
L'industrie marocaine ne tire encore que partiellement son origine du traitement des richesses du sous-sol. Les phosphates demeurent pour l'instant les seuls minerais qui aient engendré la naissance d'une industrie de transformation (la Compagnie des Superphosphates et produits chimiques du Maroc, filiale de Kuhlman, assure une production variant entre 25 et 30.000 tonnes par an). Les autres matières premières minières ne donnent lieu qu'à des tentatives isolées (fabrication de briquettes avec l'anthracite de Jerada), mais rien pourtant ne saurait exclure la possibilité prochaine d'un raffinage sur place du pétrole, voire ultérieurement de l'élaboration du ferro-manganèse ou de la transformation du cobalt et autres aciers spéciaux.
La mobilisation d'autres richesses naturelles, telles que l'eau, a obéi à une progression plus rapide que traduit la progression de la production d'énergie électrique.

MAROC, Atlas historique, géographique, économique. 1935 - Page 4 Bbscan16
Le développement des usines de matériaux de fabrication : chaux, briques, ateliers de charpente, de menuiserie s'est poursuivi en liaison avec le boom de la construction marocaine qui trouve son apogée pendant l'année 1930.


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MAROC, Atlas historique, géographique, économique. 1935 - Page 4 Bbscan17MAROC, Atlas historique, géographique, économique. 1935 - Page 4 Bbscan18

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MessageSujet: MAROC, Atlas historique, géographique, économique. 1935   MAROC, Atlas historique, géographique, économique. 1935 - Page 4 EmptyMar 27 Mai - 17:06

A l'heure actuelle, l'industrie marocaine se présente surtout comme le prolongement de l'agriculture locale. Elle groupe des entreprises de transformation des produits de la terre affectées du double avantage de traiter et de vendre sur place : ainsi les minoteries d'abord installées dans le Maroc oriental (grands moulins d'Oujda), mais qui ne tardèrent pas à s'étendre dans l'occidental où les « moulins du Maghreb » assurent à eux seuls, un quart de la production de farines alimentaires du Maroc, soit 400.000 quintaux sur 1.500.000.

Grand pays producteur d'orge, le Maroc possède une importante brasserie (Société des brasseries du Maroc) appelée à satisfaire les neuf dixièmes de la vente de bière dans l'Empire chérifien. Encore que le pays dispose d'importantes plantations d'oliviers, la quantité d'huiles fabriquées à l'aide de matières grasses locales, ne saurait suffire en quantité et surtout en qualité aux exigences de la population, d'où l'établissement de manufactures de raffinage d'huiles brutes exotiques : soja et arachides.

Plus encore qu'en huiles dont il consomme une moyenne de 15 litres par tête d'habitant, l'indigène tient essentiellement à la régularité de ses approvisionnements en sucre, denrée de telle première nécessité que le maréchal Lyautey crut devoir, pendant la guerre, exclure le Maroc de l'application des mesures de restriction et de rationnement en vigueur dans la Métropole. Fondée le 17 août 1929 sur l'initiative des principales entreprises sucrières françaises, la Compagnie sucrière marocaine fournit dès maintenant un quart de la con­sommation locale.
Afin d'obtenir pour le traitement du sucre une matière première produite sur place, on a suggéré l'introduction au Maroc de la betterave à sucre.

Six ateliers publics de distillation livrent la « mahia », eau-de-vie naturelle résultant de la distillation de moûts fermentes mêlés d'anis, et on a proposé d'organiser, en utilisant le blé local, les 12.000 hectolitres d'alcool dénaturé importés.

Au nombre des entreprises de transformation de produits de la terre marocaine figurent également des laiteries, fromageries, caves de vinification destinées à répondre aux besoins du marché intérieur. D'autres visent les débouchés extérieurs, notamment les établissements frigorifiques, les usines de conserves de primeurs de Casablanca et Fédala et les usines de conserves de poisson dont onze installées à Casablanca, ont obtenu en 1932, 13 tonnes de conserves de poisson. En vue de l'exportation également, s'aménagent des usines d'égrenage de ricin, de coton, des casseries de pois, des usines de rouissage, treillage de lin et de chanvre, de fabrication de papier d'emballage.

L'exportation marocaine englobe également un certain nombre de métiers ou d'établis qui continuent la tradition manufacturière indigène. C'est le cas des céramiques, des poteries, du travail des métaux, des tanneries et surtout de l'industrie indigène des tapis, dont la persistante activité d'exportation se mesure au nombre des tapis estampillés qui passe de 6.000, représentant 20.000 mètres carrés, en 1920, à 20.000, représentant 76.000 mètres carrés en 1934. Si la production de tapis diminue quelque peu à Midelt ou à Bondenib, elle s'accroît par ailleurs à Casablanca, à Salé et Fès et son trafic atteint 7 à 8 millions de francs.

MAROC, Atlas historique, géographique, économique. 1935 - Page 4 Bbscan19

Dans l'ensemble, les exportations de produits marocains fabriqués ne dépassent point encore 1 % du total en valeur des exportations marocaines, alors que les importations d'articles fabriqués atteignent plus de la moitié des importations.

Envisagées d'un aspect général, ces activités de trans­formation ne paraissent point avoir implanté sur le sol marocain des formes écono­miques parasitaires, car on leur trouve cet objet commun soit de répondre aux néces­sités d'un marché intérieur extensible, soit  de décentra­liser la production française, soit de l'approvisionner en articles complémentaires. Pour s'être implantées plus rapi­dement au Maroc qu'en Algérie, elles n'en ont pas moins eu à triompher d'obs­tacles de nature à ralentir singulièrement leur dévelop­pement, qu'il s'agisse de l'ab­sence de charbon, du prix élevé de l'énergie électrique, du frein exercé par le statut d'égalité douanière uni­formisant à 12,5 % le niveau des tarifs, ou même des charges entraînées par la plus-value souvent artificielle (contingent céréalier admis en franchise en France) conférée à certaines productions agricoles nécessaires à l'approvisionnement des manufactures.

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MessageSujet: MAROC, Atlas historique, géographique, économique. 1935   MAROC, Atlas historique, géographique, économique. 1935 - Page 4 EmptyMar 27 Mai - 17:16

Les avantages d'une main-d'œuvre à bon marché, d'une fiscalité réduite et l'abondance des matières pre­mières ont permis de vaincre ces obstacles. Le recensement effectué en 1934 par le Comité Central des Industriels du Maroc a permis de constater la présence de 820 usines représentant 1 milliard 150 millions d'investissements, un effectif de travailleurs employés de 3.800 Européens et de 62.000 indigènes, et un total de 160 millions de francs de salaires distribué annuellement.

Au point de vue de sa répartition, cette activité industrielle a tout naturellement subi l'emprise de Casablanca, au point que la région de la Chaouïa accusait en 1931 30 % du chiffre global des établissements industriels du Maroc, et 32 % du personnel employé dans l'ensemble de ces établissements. Localisation géogra­phique imputable à l'afflux dans ce port de tous les produits indispensables aux opérations de transformation, sans d'ailleurs que l'avenir interdise une redistribution partielle des établissements en fonction de l'emploi de la houille blanche ou de révélations minières.


VI. — LE COMMERCE MAROCAIN


1.  -      LE COMMERCE INTÉRIEUR.


Artisan et commanditaire de la prospérité marocaine, la métropole a originairement fait dépendre cette prospérité d'une brusque expansion de toute l'économie marocaine vers l'extérieur.

Aussi, depuis près de trente ans, les créations de l'outillage marocain évoquent-elles les unes et les autres l'appel des débouchés extérieurs; qu'il s'agisse de l'appareil routier et ferroviaire, qu'il s'agisse de l'essor des docks-silos céréaliers ou des embarquements phosphatiers, qu'il s'agisse enfin de l'hégémonie progressive du Maroc atlantique, et plus spécialement de Casablanca.

Replié peu à peu sur soi, par la force même des choses, le Maroc en est venu à concevoir qu'il se consti­tuerait à lui-même à l'avenir, son propre et meilleur client. L'économie marocaine considérera ainsi de plus en plus l'exportation non plus comme son unique fonction mais bien comme un simple régulateur, et ses efforts tendent à évaluer le volume des produits et les possibilités du commerce intérieur du pays.

MAROC, Atlas historique, géographique, économique. 1935 - Page 4 Bbscan20
L'activité commerciale a toujours été en honneur dans le vieux Maroc. Le mécanisme de distribution reposait sur un réseau de courtiers le plus souvent étrangers ou Juifs, qui groupaient les articles pour l'embarquement ou prenaient en charge les produits importés. Les villes de l'intérieur for­maient un second stade de répartition avec leur agglomération de commerçants en gros massés dans les cours des "fondouqs". La fonction d'approvisionnement au détail était assurée par la masse de boutiquiers parqués dans leurs échoppes uniformes. Au delà des villes, les divers marchés ruraux, dénommés "souqs" représentaient les cel­lules essentielles des échanges intérieurs, tandis que dans le Haut et l'Anti-Atlas se ré­pandait l'usage de magasins collectifs, les "agadirs", où l'on amassait les provisions destinées à subvenir à la misère des époques de famine.

Avec l'avènement du Protectorat, l'irruption des usages et des méthodes de consommation européenne a sensiblement modifié les habitudes traditionnelles. Tandis que nous diffusions des systèmes nouveaux de transport, le rayon d'appel des fondouqs s'élargissait, préparant l'organisation d'un commerce continu, et si les souqs conservent une grande animation, leur nombre tend à se restreindre.


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MessageSujet: MAROC, Atlas historique, géographique, économique. 1935   MAROC, Atlas historique, géographique, économique. 1935 - Page 4 EmptySam 31 Mai - 12:45


L'activité commerciale interne du Maroc ne peut que prendre un rôle croissant par la suite, car, avec l'extension rapide de la population locale, il n'est pas interdit de croire que dans 25 ans le pays devra satis­faire les exigences d'un nombre largement accru de consommateurs.

C'est là un facteur décisif de variation de la de­mande, que la nature même de cette demande en vienne à s'affiner quelque peu, et certain déséquilibre de l'acti­vité marocaine, comme sa production à outrance du blé, pourrait ainsi trouver une solution au moins partielle. Si l'on parvenait à diffuser l'usage du blé dans l'alimen­tation du fellah, bien loin de se révéler excédentaires, les récoltes ne suffiraient même pas à satisfaire les besoins du pays.

Ainsi s'explique le souci d'obtenir une évaluation de plus en plus serrée du montant des transactions poursuivies. Sans doute en ce qui concerne les 200.000 Européens du Maroc, on peut dégager quelques indi­cations sur les possibilités de consommation d'après les variations d'importation et d'exportation, mais ce sont là encore données bien vagues.

MAROC, Atlas historique, géographique, économique. 1935 - Page 4 Bbscan21

Immeuble moderne à Casablanca.

En ce qui concerne les indigènes, sans prendre en considération l'ensemble des exportations et des impor­tations comme pour les Européens, on peut s'en tenir aux entrées d'articles inexistants dans le pays et considérés comme articles de base de la consommation indigène.
En ce sens, et sans méconnaître l'influence des variations de prix, on n'a pas manqué d'apercevoir un signe d'élévation du standard de vie indigène dans l'ac­croissement ininterrompu en quinze ans des achats de sucre brut et de thé, tous deux aliments fondamentaux de la nourriture indigène. L'importance totale du sucre brut représente ainsi en 1933 120.200.000 kilos soit environ 25 kilos par tête, c'est-à-dire un pourcentage individuel de consommation très supérieur à la con­sommation française.

La consommation du thé aura produit cette conséquence curieuse d'avoir ouvert la première brèche dans la belle indépendance alimentaire de la famille rurale qui vivait autrefois de ses propres productions. Les impor­tations de thé ont passé en quinze ans, de 1918 à 1933, de 1 million 670.000 kilos à 7 millions 413, soit un quintuplement, celles de sucre de 30 millions de kilos à 120 millions, soit un quadruplement. On aurait tort d'ailleurs, à la façon de certains rapports, de conclure de cette progression saisissante de ces deux articles fon­damentaux de la consommation locale, à une progression parallèle du niveau de vie des populations, car ce qui caractérise en réalité le développement du bien-être, ce n'est pas le volume considérable d'une ou deux denrées, mais la variété de denrées consommées.

On peut apprécier l'importance du commerce intérieur marocain d'après des données directes et en se plaçant d'abord sur le plan régional. C'est ainsi qu'un mode efficace d'estimation des achats indigènes résulte de l'analyse du rendement des droits de marchés ruraux, taxes frappant les produits et denrées apportés sur les souqs
et les animaux qui font l'objet de transactions. Mais leur caractère spécifique défend d'affecter les droits de marché d'un multiplicateur qui permette de fixer le chiffre d'affaires auquel le montant de ces droits correspond.

Par ailleurs, un pourcentage considérable des opérations commerciales s'effectue en nature. C'est ce que fait ressortir le chiffre particulièrement faible des instruments de paiement mis en circulation par la Banque d'Etat du Maroc, environ un demi-milliard de francs. La portion de ressources que l'indigène destine à l'échange se restreint considérablement dans certaines tribus. Ainsi les Aït Amar d'Oulmès ne semblent consacrer à l'éco­nomie d'échange que 33 % de leurs ressources et, dans la région du Rharb, le total des achats alimentaires pratiqué annuellement par une famille de cinq personnes ne dépasse guère 700 francs.

La fonction de consommation urbaine a fait l'objet d'études attentives basées sur le rendement des droits de porte.

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MessageSujet: MAROC, Atlas historique, géographique, économique. 1935   MAROC, Atlas historique, géographique, économique. 1935 - Page 4 EmptySam 31 Mai - 12:57


C'est ainsi qu'on a tenté par ce moyen de mesurer, en 1932, « le ventre » de Fes, capitale musulmane du Maroc, avec ses 90.000 indigènes auxquels s'ajoutent 7.800 Israélites et 9.600 Européens (1).

Sur un plan plus restreint, celui de la famille, une série d'enquêtes ont essayé d'établir le volume et la répartition des dépenses au sein de budgets d'indigènes appartenant à des catégories sociales variables. A la faveur des résultats de cette enquête, il avait été suggéré de dresser un indice du coût de la vie indigène fondé sur les cours de 17 marchandises de consommation courante dont 4 denrées alimentaires, un article d'éclairage, un article de chauffage, enfin le savon (2).

Sur la base des renseignements partiels ainsi obtenus, des études d'ensemble ont tenté une première esti­mation des revenus marocains dont le montant global, pour 1934, semble se fixer autour de sept milliards provenant pour une moitié de l'économie européenne et pour l'autre moitié de l'économie indigène. Dès main­tenant, sur un total de trois milliards et demi de revenus indigènes, près de 30 %, c'est-à-dire environ un milliard, représente des échanges avec l'économie européenne. Ap­proximativement, en effet, on a pu évaluer que les indigènes vendaient aux Européens des marchandises ou leur louaient des immeubles pour une va­leur d'environ 6 à 700 mil­lions et leur louaient leurs services contre une rémuné­ration de plus de 300 millions de francs.

LES REVENUS DU MAROC EN 1934
(D'après Léon MIGAUX, Bulletin Économique du Maroc, avril 1935)

MAROC, Atlas historique, géographique, économique. 1935 - Page 4 Bbscan22

Si l'on fait le total des revenus perçus annuellement dans le pays en distinguant leur provenance soit indigène, soit européenne, et si l'on oppose le pourcentage de ces revenus qui provient du mar­ché interne et le pourcentage tiré de l'activité d'exportation, on mesure la place largement prépondérante du commerce interne dans la vie économi­que du Maroc.

Encore convient-il de le noter, avec l'auteur de ce tableau, les exportations n'atteignent-elles leur niveau actuel que grâce aux 400 miliards de francs exportés vers la France et l'Algérie, pour la plus grande part à l'abri des contingents en franchise. La véritable exportation mondiale, celle qui dépend des prix de revient, n'atteint que 266 millions, et sur ce total, plus de la moitié, soit 136 millions, sont des produits du sous-sol.


2. — LE COMMERCE EXTÉRIEUR.

Déficit du commerce extérieur marocain et effets compensateurs des apports de capitaux jusqu'en 1929.


Depuis l'ouverture du Maroc aux influences européennes jusqu'à l'année 1929, le commerce extérieur du Maroc a reçu un développement ininterrompu. En 1913, il se chiffrait à 221 millions de francs, dix ans après, en 1923, il atteignait 1 milliard 52 millions, pour gagner le chiffre record de 3 milliards 780 millions en 1929.

C'est le sort des pays neufs de subir pendant les années d'équipement un constant excédent d'importation. Le Maroc n'a point manqué à cette loi, et le déficit régulièrement accru de sa balance du commerce traduit l'étendue des appels d'outillage à l'extérieur.


_____

(1) Cf. GRAPINET, Mémoire de fin de stage des contrôles civils, 1933.
(2) Cf. Revenus et niveaux de vie indigènes au Maroc, par René hoffherr et Roger moris, Sirey, éditeur, 1934.


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Déficit du commerce extérieur marocain.

MAROC, Atlas historique, géographique, économique. 1935 - Page 4 Bbscan23

L'afflux progressif des crédits d'emprunt a permis de compenser ce déficit de la ba­lance commerciale. Chaque prêt contenait en germe une com­mande nouvelle, et l'excédent des capitaux payait l'excédent des importations de marchan­dises. Alimenté par l'apport d'argent frais, le commerce extérieur nourrissait à son tour l'impôt. Il suffît à cet égard de considérer la productivité des recettes douanières dont le total arrive à repré­senter un tiers des ressources budgétaires en 1929.

Productivité des recettes douanières du Maroc

MAROC, Atlas historique, géographique, économique. 1935 - Page 4 Bbscan24

L'expansion du commerce extérieur marocain jusqu'en 1929 provient également du libéralisme et de la modération exceptionnelle du statut douanier chérifien qui a laissé le Maroc s'épanouir sans entraves sous un régime de quasi libre-échange. Le principe de l'égalité économique consacré par ce statut découle de la généra­lisation de la clause de la nation la plus favorisée contenue dans tous les traités conclus par l'Empire chérifien avec les Etats européens. L'égalité économique comporte l'exclusion de tout privilège douanier basé sur l'origine ou la provenance des marchandises, le pavillon de transport, ou la nationalité de l'importateur. En ce qui concerne les tarifs, les traités anglo-marocain du 9 décembre 1856, hispano-marocain du 20 novembre 1861, germano-marocain du 1er juin 1890 fixent à 10 % ad valorem le taux des droits à percevoir sur les mar­chandises importées. L'acte d'Algésiras s'est borné à créer une taxe complémentaire de 2,5 %. Par ailleurs un tarif spécial réduit demeure en vigueur sur la frontière algéro-marocaine et sur la frontière du préside de Mélilla.

MAROC, Atlas historique, géographique, économique. 1935 - Page 4 Bbscan25

A la faveur de ce régime de porte ouverte et du précieux stimulant que constitue la concurrence des prix, le cercle des consommateurs européens et indigènes n'a cessé de s'élargir tandis que s'édifiait l'étonnante façade routière, ferroviaire, maritime, voire urbaine du Maroc moderne. Par suite de sa faible défense douanière, le Maroc s'approvisionnait aux cours mondiaux ou presque, alors qu'une partie de son exportation, celle admise en franchise en France, se valorisait de toute la protection douanière française. M. Joseph Caillaux était ainsi fondé à proclamer en 1930 que « la prospérité extraordinaire du Maroc avait reposé sur les facilités d'achats au dehors résultant de son statut douanier» (1).

Aussi bien, en dépit des stipulations internationales d'égalité économique, la part de la France dans les importations marocaines demeurait-elle prépondérante, car l'appel des marchandises obéissait au courant des capitaux. On se doit de souligner que l'importance même des importations françaises au Maroc au cours de la période d'équipement résulte directement de l'activité politique française de financement. Si la France a prêté les trois quarts des capitaux investis au Maroc pendant les vingt premières années de Protectorat, elle en a trouvé la récompense dans le pourcentage exceptionnel de ses importations au Maroc qui ont représenté en moyenne 50 % du total des importations marocaines, et le Maroc prend ainsi place au second rang des clients coloniaux de la France, directement après l'Algérie.


_____

(1) Revue des Vivants, septembre 1930.

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Régression du commerce extérieur marocain depuis 1929.

Avec l'achèvement de la période d'équipement du Maroc et le ralentissement consécutif de l'afflux de capitaux, la physionomie du commerce extérieur marocain va se modifier, d'autant qu'à la même époque le pays tend à subir le contrecoup de la crise mondiale et de la chute internationale des prix. Expulsées de leurs anciens débouchés par l'élévation universelle des barrières douanières, toutes les puissances s'efforcent alors de se frayer une place et de déverser l'excédent de leur production dans le seul pays encore librement ouvert aux marchan­dises étrangères. Cette invasion massive de produits à des cours de plus en plus avilis devait dérégler à son tour le commerce extérieur marocain en introduisant dans son orientation des changements dont on peut mesurer la nature en se plaçant au double point de vue :
 * 1° de la situation globale de ce commerce;
 * 2° de sa répartition par pays.

Le Maroc a subi en cinq ans une régression en valeur de son volume d'échanges extérieurs de plus de moitié. Chiffré à 3 milliards 730 millions en 1929, il s'abaisse à 1 milliard 987 millions en 1934.

Mouvement des échanges extérieurs marocains

MAROC, Atlas historique, géographique, économique. 1935 - Page 4 Bbscan26

On relèvera, phénomène inverse de celui constaté pendant la période précédente, un fléchissement de plus en plus accentué des importations, qui correspond au déclin progressif des apports de capitaux nouveaux.
Cette diminution en valeur des importations retentit sans tarder sur les recettes douanières basées sur une tarification ad valorem.

Rendement des recettes douanières

MAROC, Atlas historique, géographique, économique. 1935 - Page 4 Bbscan27
Parmi les importations les plus atteintes figurent naturellement toutes celles destinées à l'équipement (ciment, fer de construction, machines agricoles).

Parallèlement au tassement des importations se dessine un mouvement de reprise des exportations qui s'accentue depuis 1933, marquant une progression sensible en 1934 pour les primeurs (188.000 quintaux), les moutons (162.000 têtes), les conserves de poissons (84.000 quintaux), le crin végétal ((504.000 quintaux).

Fait normal, un pays endetté ne peut guère espérer éteindre sa dette extérieure qu'en transférant des mar­chandises. Or, l'étendue des charges du Maroc se mesure au service de sa dette publique, laquelle exige à elle seule plus de 300 millions, alors que le total des exportations marocaines atteint près de 670 millions. Le rétablissement de la balance du commerce chérifienne, à une heure où l'on ne peut guère compter sur des investissements, constitue ainsi une nécessité.

Rétablissement d'équilibre de la balance commerciale marocaine

MAROC, Atlas historique, géographique, économique. 1935 - Page 4 Bbscan28

Décomposition  du  commerce  extérieur  marocain


Le commerce extérieur chérifien a subi dans son orientation une évolution non moins manifeste. Soustraites à l'attraction qu'exerçaient sur elles le mouvement des capitaux, les importations n'ont plus obéi qu'au seul jeu des prix. Il en est résulté une décroissance progressive de la part des importations françaises.

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Part de La France dans Les importations marocaines

MAROC, Atlas historique, géographique, économique. 1935 - Page 4 Bbscan29
On peut noter également un déclin continu des ventes britanniques au Maroc avec, comme contrepartie, une ascension régulière du Japon qui, de la dixième place qu'il occupait en 1929, parmi les pays importa­teurs dans l'Empire chérifien, s'assure la sixième en 1933 et se classe, depuis l'année 1934, au second rang.

Le Japon opère ainsi un chassé-croisé avec la Grande-Bretagne qui, avant le Protectorat, occupait le premier rang parmi les pays importateurs, puis le se­cond à partir de notre occupation, pour tomber en 1934 au sixième rang avec 58 millions d'entrées contre 136 en 1932.

Quant aux exportations, elles se répartissent comme suit entre le marché franco-algérien et le marché étranger :

MAROC, Atlas historique, géographique, économique. 1935 - Page 4 Bbscan30

Les exportations vers la France profitent pour partie de contingents privilégiés, mais ces contingents demeurent insuffisants et leur volume variable. Quant aux exportations sur les autres colonies françaises, elles n'y sont admises, comme celles des pays étrangers, qu'au seul bénéfice de la clause de la nation la plus favorisée, c'est-à-dire que les produits marocains ne peuvent sol­liciter que l'avantage du paiement des droits minima. Le contraste entre une porte marocaine largement ouverte aux importations françaises et l'entrebâillement de la porte française justifie ainsi les souhaits tendant à une incorporation plus large du Maroc dans un régime gé­néral de préférence impériale franco-coloniale.

MAROC, Atlas historique, géographique, économique. 1935 - Page 4 Bbscan31
Parmi les principaux acheteurs étrangers figurent surtout, en 1934, l'Espagne (54 millions de francs) et l'Allemagne (54 millions), suivies par l'Angleterre (23 millions).

On n'a pas manqué de relever le défaut d'égalité entre les courants respectifs des achats et des ventes au Maroc.
En 1933, les puissances signataires de l'acte d'Algésiras qui ont un droit initial à la porte ouverte, ont importé au Maroc pour 381 millions de produits et en ont exporté 135 millions, d'où une balance défavorable pour le Maroc de 246 millions.

Les autres puissances, auxquelles le bénéfice de la porte ouverte a été étendu par faveur spéciale, impor­taient à cette même date au Maroc pour 389 millions de produits et n'en exportaient que pour 64 millions, d'où une balance défavorable pour le Maroc de 325 millions.

Ce défaut de réciprocité a déterminé en 1934 l'ouverture de négociations diplomatiques, dont le but ne consistait point à rechercher une formule irréalisable d'accords strictement compensés, mais bien à obtenir un plus juste équilibre dans les relations économiques du Maroc avec les puissances étrangères. Par delà cette révision contractuelle du statut douanier marocain, un problème tarifaire subsiste, car il importe de sauvegarder contre le déferlement de produits extérieurs un pays dont les ventes ne représentent que 35 % des achats, alors surtout que tend à se tarir le flot compensateur des capitaux empruntés.

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3. — L'OFFICE CHÉRIFIEN D'EXPORTATION.
par M. R. Dupré.

L'Office chérifien d'exportation créé en avril 1932 a pour objet d'instituer un contrôle rationnel de l'exportation des fruits et primeurs du Maroc en s'efforçant à la fois d'aménager la production, de conditionner les envois et de prospecter les débouchés possibles.

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L'Office a pressenti de nombreux primeuristes pour entreprendre des essais de cultures dont le développement paraît répondre à la vocation propre du Maroc et qui semblent assurées d'un écoulement facile.

Comme suite aux dahirs des 12 et 26 mai 1932 instituant une marque nationale chérifienne pour certains produits, l'Office chérifien d'exportation a été chargé d'effec­tuer les opérations de contrôle et de conditionnements auxquelles doivent se soumettre les expéditions marocaines si elles prétendent obtenir le bénéfice de cette marque d'origine. L'institution de cette marque, d'abord réservée aux deux cultures maraîchères essentielles, la tomate et la pomme de terre, s'étend peu à peu à toute une gamme variée de cultures : blés, amandes, œufs. Un double contrôle s'effectue aux ports d'embarquement et dans certains postes métropolitains pour s'assurer que les fruits d'un même colis satisfont bien aux conditions réglementaires d'uniformité, de qualité et de grosseur prescrites, et aux réglementations concernant les emballages.

Enfin, l'Office chérifien d'exportation ne se borne pas à ce rôle d'orienteur et de régulateur de la production locale, il concourt effectivement à la recherche des marchés qui peuvent s'ouvrir encore aux envois du Maroc.

Le débouché trouvé, il faut y faire connaître le produit marocain et soutenir sa vente. Vaste organisation de propagande qui doit s'accommoder du goût local et des nécessités particulières de la consommation dans chaque pays prospecté.
A cet effet, l'Office chérifien d'exportation utilise toutes les formes les plus modernes de propagande : participation aux expositions métropolitaines et internationales, campagnes de presse, d'affichage, films de propagande, publicité par T.S.F., etc...

Un produit répondant à certaines garanties d'élaboration se présente sur le marché avec de grandes chances de succès, s'il se trouve par ailleurs pourvu d'un état-civil sérieux, ses perspectives d'écoulement se trouvent encore accrues. L'issue favorable est par ailleurs très vraisemblable si le produit parvient à l'époque opportune et si un effort actif de lancement soutient sa diffusion dans le public. C'est à cet objectif que tend au Maroc l'Office chérifien d'exportation, à l'exemple des organismes nord-africains correspondants (O.F.A.L.A.C.) en Algérie, (O.T.U.S.) en Tunisie.

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Chamelier du sud.




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VII — L'ŒUVRE FRANÇAISE D'ÉDUCATION
AU MAROC
(1)
par Robert Vannier.


La Direction générale de l'Instruction publique, des Beaux-Arts et des Antiquités a la responsabilité de la vie intellectuelle, scientifique, artistique et sportive du Protectorat. L'œuvre à laquelle elle est vouée n'est donc pas
purement scolaire : le Service des Arts indigènes protège l'artisanat; le Service des Beaux-Arts et le Service des Anti-
quités établissent l'inventaire et assurent la restauration des monuments historiques. La Bibliothèque générale du Pro-
tectorat est déjà riche de 50.000 volumes. L'Institut Scientifique chérifien et l'Institut des Hautes Etudes marocaines sont essentiellement consacrés aux recherches relatives au Maroc, à ses langues ou dialectes, à sa géographie, à son histoire.

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Un lettré marocain.

L'œuvre d'instruction publique proprement dite est répartie entre trois services : enseignement européen du second degré; enseignement primaire et professionnel européen et israélite; enseignement musulman.

L'enseignement du second degré est donné aux Européens dans quinze lycées ou collèges et à l'Ecole industrielle de Casablanca : il est ouvert aux indigènes qui remplissent les conditions requises.
Ces établissements réunissent sous la même direction les cours ressortissant dans la métropole aux ensei­gnements secondaire, primaire supérieur et technique, avec la préoccupation de rectifier, en cours d'études, les erreurs d'orientation.

Les programmes sont obligatoirement les mêmes qu'en France. Mais en dépit des limites assez étroites qu'ils imposent, la vie quotidienne de ces établissements traduit la volonté commune d'une « équipe » de dirigeants, unis dans le même idéal, d'ouvrir largement les classes à l'air du dehors, d'y encourager des méthodes neuves, jeunes et actives, d'y « compléter et vivifier par une reprise de contact avec le réel, avec la nature, avec la vie, la formation purement intellectuelle » (J. Gotteland).

Un soin spécial a été apporté à la réalisation des locaux d'internat. La plupart de ces lycées et collèges ont ou auront bientôt leur foyer, leur troupe d'éclaireurs, leur « groupe féminin d'éducation intégrale » ; partout l'on cherche à mettre en pratique la belle devise qu'a donnée à ces groupes un professeur du lycée de jeunes filles de Rabat : se récréer, dans la clarté et dans la joie pour le bien de tous.

En ce qui concerne l'enseignement primaire européen, un effort continu a doté d'écoles primaires tous les centres urbains et toutes les régions de colonisation d'une densité de population suffisante. Des internats conçus spécialement pour les jeunes enfants reçoivent ceux dont la résidence familiale est trop éloignée d'une école.


_____

(1) Cf. l'Historique de la Direction générale de l'Instruction publique, publié à l'occasion de l'Exposition Coloniale de 1931, et imprimé à l'Ecole du Livre (Ecole indigène d'apprentis-imprimeurs, à Rabat.

La Direction générale de l'Instruction publique publie également depuis 1913 un Bulletin de l'Enseignement public du Maroc, dont la collection reflète les préoccupations et les espoirs de ceux qui ont participé le plus activement à l'œuvre d'éducation dans l'Empire chérifien.


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MessageSujet: MAROC, Atlas historique, géographique, économique. 1935   MAROC, Atlas historique, géographique, économique. 1935 - Page 4 EmptySam 31 Mai - 16:41


On retrouve là les mêmes soucis d'éducation, les mêmes efforts de modernisation que dans l'enseignement du second degré. Une expérience d'uti­lisation de la T.S.F. et du cinéma se poursuit depuis sept ans malgré les difficultés techniques et financières et a mérité les compliments de spécialistes européens.

La formation du personnel est assurée par une intime collaboration de l'école primaire, du lycée, et de l'Institut des Hautes Etudes.
Le Service de l'Enseignement primaire auquel ressortissent les écoles israélites participe par là à l'enseigne­ment des indigènes. Il a été puissamment aidé par l'Alliance israélite universelle qui, dès 1862, avait créé quelques écoles pour ses coreligionnaires dans certains ports de la côte.

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Le Protectorat a entrepris, suivant la formule de M. G. Hardy, une véritable « conquête morale » de la popu­lation musulmane par le moyen de l'école. Le patient dé­vouement du personnel a réussi à venir à bout des hésitations qui ont fait place, vers les années 1925-1930, à un engouement tel que l'Administration parvient à peine à satisfaire les besoins immédiats.

II a été attentivement tenu compte, dans ce domaine délicat, de tous les facteurs historiques, politiques, ethniques et économiques qui imposent une organisation éloignée de l'uniformité, et les divers types d'écoles s'efforcent de répondre aux besoins variés de populations très diverses.

Les écoles urbaines donnent un enseignement élémentaire qui fait une large place aux exercices manuels de préapprentissage, tandis que les écoles rurales sont dotées de jardins ou de pépinières et orientées, suivant les régions, vers les notions élémentaires d'agriculture ou d'élevage.

Seize écoles urbaines d'apprentissage préparent des ouvriers qualifiés et font une large part aux notions de
technologie. Au sommet, trois collèges, à Fès, Rabat, Azrou ( un quatrième s'ouvrira bientôt à Marrakech), offrent aux jeunes musulmans le choix entre un enseignement franco-arabe à base de français, d'arabe classique et de droit coranique, let a préparation au baccalauréat.

Les fillettes n'ont pas été oubliées. Trois mille d'en elles fréquentent dix-huit écoles d'abord réduites à l'enseignement ménager et à l'apprentissage des métiers d'art indigène mais où une évolution normale fait pénétrer peu à peu un enseignement plus intellectuel. Etre ainsi parvenu à atteindre et à gagner à la cause scolaire l'élément le plus réfractaire de la population, est la meilleure preuve du succès de l'œuvre entreprise.

Nul ne se méprend d'ailleurs sur l'immensité de la tâche, dont une faible partie seulement a pu être réalisée. Le temps
ici est un facteur dont il ne saurait être fait abstraction et l'essentiel est que chacun, conscient du but à atteindre, y tende de son mieux. Le graphique ci-dessous montre quelle a été depuis vingt ans, la progression des effectifs dans les différentes catégories d'écoles.

MAROC, Atlas historique, géographique, économique. 1935 - Page 4 Bbscan38

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La médersa Bou Anania à Fès pendant le mois de Ramadan.

VIII. — LE MAROC TOURISTIQUE


par Henri COURSIER.


Le chapitre du Tourisme au Maroc trouve la place qui lui revient à la fin et comme en conclusion de ce livre.

Comment fixer, mieux que par un voyage en effet, les notions diverses acquises en tournant ces pages ? Il semble qu'à la manière de Montaigne, le lecteur ait eu loisir d'interroger, chacun sur ses connaissances spéciales, les divers collaborateurs de l'ouvrage. Il peut maintenant fermer le livre, rassembler ses souvenirs et, muni de son bagage d'esprit, partir, comme Montaigne encore, au gré de sa fantaisie, d'une allure libre, sûr de trouver en soi, sans autre guide, les ressources qui permettent d'intellectualiser ses sensations et de jouir ainsi d'un plaisir complet selon les meilleures traditions des amateurs de voyages.

Aller voir, quel attrait en ces deux mots !

Parmi ceux, peu nombreux, qui ont vu le Maroc avant l'établissement du Protectorat français, il en est trois dont les noms évoquent aussitôt des images puissantes : Delacroix, Loti et le P. de Foucault.

Delacroix a fixé sur son carnet de notes, conservé au Louvre, le mouvement, les couleurs et tout le romantisme des fantasias dont il eut le spectacle lorsqu'il accompagna l'ambassadeur de Louis-Philippe à Meknès. Loti a décrit de façon inoubliable la pluie incessante et le ciel gris de Fès en ces périodes de printemps humide pendant lesquelles se reforme l'abondance des eaux dont vit la ville entière, depuis les palais aux fontaines jaillissantes jusqu'aux modestes maisons parcourues d'un filet de l'Oued. Le Père de Foucault a dit l'abondance magnifique des oasis du Sud où les céréales, les légumes et les arbres fruitiers poussent à l'envi sous une forêt de palmiers, tandis qu'alentour s'étendent les immensités désertiques du Sahara. Tout cela peut

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MAROC, Atlas historique, géographique, économique. 1935 - Page 4 Bbscan40
Tapis glaoua.

... être  vu aujourd'hui, exactement tel que l'ont vu et compris ce peintre, ce poète, ce saint.

Grâces en soient rendues à celui qui créa le Maroc nouveau.

De longue date, la diplomatie française avait discerné qu'il convenait de concilier les intérêts de la défense de l'Algérie avec le respect dû à la civilisation d'un Etat comme le Maroc, resté indépen­dant au cours des temps modernes, et elle avait conçu le Protectorat. Mais la personnalité du premier chef devait décider de la réussite. Or, nul homme n'était apte comme le Maréchal Lyautey à cette tâche où l'énergie, le prestige doivent s'allier à la séduction, à la générosité. Ses biographes rapportent qu'au cours d'une de ses premières inspections, l'un de ses compagnons lui fit remarquer la laideur de baraquements militaires que l'on construisait sur un piton : « Pourquoi ne pas adapter les règlements, disait cet homme de goût, en s'inspirant de ce que construisent les Marocains eux-mêmes ? Ce ne serait ni plus coûteux, ni moins approprié à l'usage et cela présenterait l'avantage de ne pas défigurer le paysage. » Lyautey fut frappé de cette observation si juste et confia à son auteur la Direction des Beaux-Arts; aussi devons-nous associer le nom de Tranchant de Lunel (1) à celui du Maréchal dans notre reconnaissance pour cette œuvre de sauvegarde du pittoresque du Maroc.

De là ces textes salutaires qui ont conservé les médinas dans leurs murailles et fixé la résidence des européens dans des villes nouvelles bâties hors des murs et asservies à des règles architecturales sévères pour ne pas déparer le site. De là les mesures propres à conserver les industries artisanales pour le bien des artisans et pour la joie des touristes épris de ces œuvres d'art que sont les broderies, les cuirs, les poteries et les cuivres où se perpétue la tradition de la grâce persane.

Paysages, monuments, bibelots d'art indigène sont d'ailleurs à portée, sans fatigue pour le touriste.

Le Maroc doit, à l'installation de la vie européenne dans un autre plan que la vie traditionnelle de la population musulmane,  tout le confort  d'hôtels modernes.  Six mille kilomètres de routes excellentes sillonnent un pays où il était impossible  de voyager autrement qu'à cheval et en sur de mauvaises pistes, il y a vingt-cinq ans. Désormais le Maroc est le pays du grand tourisme. Sans parler des chemins de fer et des wagons-lits qui relient Tanger à Fès et Tunis à Marrakech, de grands circuits ont été aménagés pour l'automobile. Le « Tour du Maroc » permet, sans quitter la grand-route, propice aux amateurs de vitesse, de visiter successivement Tanger, Port-Lyautey, Ouezzane, Fès, Volubilis, Moulaï-Idris, Meknès, Kasba-Tadla, Beni-Mellal, Marrakech, Tinmel au col du Grand Atlas, Taroudant, Agadir, Mogador, Safi, Mazagan, Casablanca et Rabat, en longeant tour à tour la mer et la montagne, à l'abri par conséquent de chaleurs excessives, même en été. Que l'on se rappelle d'ailleurs la boutade si juste de Lyautey :

« Maroc, pays froid où le soleil est chaud »
et l'on ne redoutera plus le voyage en toute saison, car si la vogue du Maroc, au printemps, s'explique par l'attrait des champs de fleurs qui bordent les routes, l'agrément d'échapper à l'affluence dans les hôtels justifie aussi le choix d'une autre saison pour le visiter. Et puisque nous avons pris Montaigne pour modèle dans l'art de voyager, n'est-ce pas le lieu d'invoquer ici son autorité : « La mutation d'air et de climat ne me touche point, tout ciel m'est un».

Le protectorat de la France, respectueux de la reli­gion et des mœurs, a laissé subsister la civilisation musul­mane à côté de la civilisation française, l'une et l'autre tirant avantage de cet équilibre dans la dignité.

La pacification a rendu accessibles ces trésors in­tacts de pittoresque et de valeur morale. L'on peut dire ainsi que la France a ouvert et conservé un Orient tout proche dans le temps même où celui d'autrefois cessait d'exister en Orient sous les traits de son pittoresque tra­ditionnel.

MAROC, Atlas historique, géographique, économique. 1935 - Page 4 Bbscan43

Joueur de rheita.

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_____

(1) Note hors texte : Le livre qui constitue, en quelque sorte, les mémoires de M. TRANCHANT DE LUNEL
" Au pays du paradoxe - MAROC - "
( édité par Bibliothèque-Charpentier en 1924)
sera intégralement reproduit sur ce site début du second semestre 2014 dans la rubrique MAROC TRADITIONNEL.




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Carte dressée par M. Théophile-Jean Délaye.


Détail de la carte : Moyen-Atlas et Sud.

MAROC, Atlas historique, géographique, économique. 1935 - Page 4 Bbscan45

Nulle invitation au voyage n'est donc plus pressante. Voyage même n'est pas assez dire car c'est vivre au Maroc que devraient désirer ceux qui sont libres de choisir dans le monde leur résidence. Une île charmante sur les rivages du Pacifique, l'île de Vancouver, attire et retient bien des pensionnés de l'Empire britannique; il semble que le Maroc, si proche de la France, si français sans cesser d'être lui-même, doive tenter ceux qu'une longue carrière dans l'Empire français peut laisser incertains sur le lieu de leur retraite. Le Maroc est prêt à les accueillir, perpétuelle illustration de la grandeur et de la générosité de la France à laquelle ils ont dévoué leur vie.


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