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Mémoire de la présence Française au Maroc à l'époque du Protectorat
 
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 HUBERT-JACQUES : Les journées sanglantes de fez, avril 1912.

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Paul CASIMIR





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MessageSujet: HUBERT-JACQUES : Les journées sanglantes de fez, avril 1912.   HUBERT-JACQUES : Les journées sanglantes de fez, avril 1912. EmptyJeu 15 Mai - 13:40


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AVERTISSEMENT


Ce livre, comme toutes nos présentations intégrales, est reproduit en suivant scrupuleusement la présentation de l'éditeur, textes et mise en pages. Toutefois, ici, pour ce livre qui ne comporte que du texte nous avons décidé d'ajouter, intercalée entres les pages du livre, une documentation iconographique : nous espérons qu'elle rendra la consultation de ces pages plus agréables et instructives.



HUBERT-JACQUES : Les journées sanglantes de fez, avril 1912. Baasca19

Plan de FEZ

Journal L'ILLUSTRATION, Avril 1912




Dernière édition par Paul Casimir le Dim 29 Juin - 7:11, édité 3 fois
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MessageSujet: HUBERT-JACQUES : Les journées sanglantes de fez, avril 1912.   HUBERT-JACQUES : Les journées sanglantes de fez, avril 1912. EmptyDim 1 Juin - 18:24


AVANT-PROPOS


_____


Pourquoi nous avons écrit ce livre.


Pendant quatre séances, la Chambre a été tenue en haleine par la discussion " de plusieurs inter­pellations sur la politique du Gouvernement au Maroc " et " du projet de loi portant approbation du traité conclu entre la France et le Maroc, le 30 mars 1912, pour l'organisation du Protectorat français dans l'Empire chérifien ".

Les longs débats qui se sont déroulés semblent prouver que ni le Parlement, ni le Gouvernement n'ont exactement compris les événements qui ont ensanglanté Fez pendant les journées des 17, 18 et 19 avril 1912.

Des paroles excellentes moins sensées, ont été prononcées. Mais il ne s'est pas trouvé un seul orateur pour placer un seul instant la question sur son véritable terrain; et, d'un bout à l'autre de la discussion, on sentit planer sur l'Assem­blée une équivoque certainement voulue par ceux...


_____

(i) Séances des 14, 22, 28 juin et 1er juillet 1912.


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MessageSujet: HUBERT-JACQUES : Les journées sanglantes de fez, avril 1912.   HUBERT-JACQUES : Les journées sanglantes de fez, avril 1912. EmptyDim 1 Juin - 18:32

VIII
AVANT-PROPOS


... qui, ayant intérêt à la faire naître, avaient, de propos délibéré, égaré par leurs rapports les pou­voirs publics.

Nous estimons que, dans l'intérêt même de la vérité, les faits doivent être rétablis, et qu'il appartient à un témoin qui a vécu ces heures tragiques, qui s'est trouvé aux premières places, qui a scruté tous les détails de ce drame auprès des acteurs eux-mêmes, qui s'est livré à une élude des plus approfondies, des plus impartiales et surtout des plus désintéressées, de publier, en toute sincérité, le résultat de ses constatations.

On voudra bien, sans doute, leur attribuer une certaine valeur, en raison des quelques connais­sances des choses du Maroc qu'a pu acquérir leur auteur pendant ses sept années de séjour dans l'Empire chérifien, passées moins à stationner dans une ville qu'à parcourir continuellement le « bled » depuis la frontière algérienne jusqu'au Souss, en suivant toutes les opérations militaires — en Chaouïa avec le général Drude, puis avec le général d'Amade, aux Beni-Snassen et dans le Sud-Oranais avec le général Lyautey; pendant la marche sur Fez en 1911 avec le général Moinier; dans le Rif, avec le général espagnol Marina; — et en accompagnant les ambassades de M. Regnault, à Rabat en 1907 auprès de Moulay Abd-el-Aziz; à Fez en 1909 auprès de Moulay Abd-el-Hafid, et enfin à Fez encore en 1912 pour la signature du traité de protectorat.

IX
AVANT-PROPOS

Les origines et les causes des troubles de Fez présentent un intérêt assez passionnant, au point de vue de l'avenir de notre protectorat, pour que l'on fasse au moins l'effort de les rechercher et, s'il est possible, de les dégager.

Lisez, pourtant, la déclaration de M. Barthou, président de la commission des Affaires extérieu­res, à la séance du 1er juillet 1912 : « Nous n'avons pas, dit-il, à examiner l'origine des troubles de Fez. La commission des Affaires extérieures n'a­vait pas reçu ce mandat de la Chambre. Elle n'a pas voulu l'exercer » (1).

Comment ! pour des faits d'une bien moindre importance, le Parlement manifeste constamment son intention de faire une lumière aussi complète que possible, à grand renfort de commissions par­lementaires et même extra-parlementaires; et il reste indifférent aux causes qui ont provoqué le massacre de quatre-vingts Français et failli com­promettre irrémédiablement, en une seule jour­née, les résultats de dix années de politique ma­rocaine ?

Bien plus ! la Chambre admet bénévolement, sans la -moindre protestation, les affirmations apportées par le chef du gouvernement, ...


_____

(i) Journal Officiel du Ier juillet 1912, p. 1856.



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MessageSujet: HUBERT-JACQUES : Les journées sanglantes de fez, avril 1912.   HUBERT-JACQUES : Les journées sanglantes de fez, avril 1912. EmptyDim 1 Juin - 19:09


Document hors-texte


HUBERT-JACQUES : Les journées sanglantes de fez, avril 1912. Bascan12

Le sultan MOULAY-HAFID reçoit les officiers de la mission militaire française dans la cour du Méchouar, au Palais de Fès.
De g. à d. : Capitaine LE GLAY, Lieutenant Sédira, Commandant Mangin et le Sultan MOULAY-HAFID
Cliché du Journal " L'ILLUSTRATION " 27 Aout 1910



Dernière édition par Paul Casimir le Mar 14 Oct - 17:04, édité 1 fois
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MessageSujet: HUBERT-JACQUES : Les journées sanglantes de fez, avril 1912.   HUBERT-JACQUES : Les journées sanglantes de fez, avril 1912. EmptyDim 1 Juin - 20:12


X
AVANT-PROPOS

... déclarant à la date du 1er juillet, — c'est-à-dire deux mois et demi après le massacre, — que ses renseigne­ments « ne lui permettent pas de dégager, ni avec certitude, ni même avec vraisemblance (sic), aucune faute ni aucune responsabilité » (1).

Et le chef du Gouvernement peut même se per­mettre d'ajouter, en présence des applaudisse­ments qui viennent d'accueillir ces étranges pa­roles: «II semble qu'on se soit trouvé en présence d'un véritable cas de force majeure»(2).

Et voilà comment, deux mois et demi après les événements, le Gouvernement, égaré par les rapports intéressés de M. Regnault, explique les causes de la révolution de Fez : un cas de force majeure !

Celte « force majeure » est du même ordre que celle invoquée jadis pour essayer d'expliquer l'explosion du cuirassé Iéna. Il a fallu la catas­trophe de la Liberté succédant à plusieurs acci­dents du même genre pour qu'on s'aperçoive en­fin qu'il y avait en réalité une cause profonde, trop longtemps inconnue, à de pareils cataclys­mes.


_____

(1) Journal officiel du 1er juillet 1912, p. 1885.
(2) Ibid., p. i856.


XI
AVANT-PROPOS

Au Maroc, les catastrophes de toute nature se sont succédé, depuis 1901, trop nombreuses pour pouvoir être comptées. Personne n'en a jamais été responsable. Pas même la Diplomatie !

Cette fois, ce fut encore mieux.

Quatre jours après l'effroyable tragédie du 17 avril, M. le Président du Conseil adressait à M. Regnault, par radiogramme, des félicitations offi­cielles !!! Et, par une consécration inutile, qui n'était qu'une preuve nouvelle et éclatante de la confiance et de l'estime du Gouvernement, il lui « confirmait » les pouvoirs étendus dont il était investi, depuis une quinzaine de jours seulement.

Sans doute déplorait-on de ne pouvoir conférer à M. Regnault un grade plus élevé dans l'ordre de la Légion d'honneur. Il venait d'être promu Commandeur deux semaines auparavant; on n'osa pas aller jusqu'à la plaque de Grand-Officier.

Toutefois, dès la première promotion, on s'em­pressa de combler de grands cordons, de rosettes et de rubans rouges tout le personnel — même passé... et à venir — de la légation de Tanger.

Ainsi M. le Président du Conseil qui, le 1er juil­let, déclare ne pouvoir dégager aucune faute ni aucune responsabilité, était cependant déjà suf­fisamment renseigné le 21 avril, — quatre jours seulement après les événements — pour pouvoir, à coup sûr, adresser des félicitations officielles à son agent au Maroc et lui confirmer, par une superfétation intentionnelle, ses pouvoirs de vice-roi !




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MessageSujet: HUBERT-JACQUES : Les journées sanglantes de fez, avril 1912.   HUBERT-JACQUES : Les journées sanglantes de fez, avril 1912. EmptyDim 1 Juin - 20:18

XII  
AVANT-PROPOS

Il est hors de doute que celte audacieuse façon de procéder ait impressionné le Parlement.

Nous voulons donc rétablir les faits et en re­chercher les causes. Mais nous nous trouvons aussi incité à écrire ce livre, en raison de certains inci­dents des débats de La Chambre, au cours desquels nous avons été directement et personnellement pris à partie et désigné comme le fauteur des gra­ves événements de Fez.

Parfaitement !

On pourrait se figurer naïvement qu'il faut rechercher les responsables parmi les membres du Gouvernement, parmi les diplomates de la Légation de Tanger, parmi les chefs de l'autorité militaire, ou même parmi les organisateurs de l'armée chérifenne ?
Pas du tout ! La responsabilité incombe tout en­tière... à nous !!

Nous ne plaisantons nullement. Cela a été dit à la tribune de la Chambre, et confirmé par M. le Président du Conseil.
En voici la preuve, extraite du Journal officiel :

M. le Président du Conseil. — Vous commettez une erreur en affirmant que la divulgation du traité de Protectorat était le fait de la France.


XIII
AVANT-PROPOS
M. le général Pédoya. — C'est en tous cas le fait de nos représentants.

M. le Président du Conseil. — Non, c'est une erreur.

M. le général Pédoya. — Le Sultan était trop inté­ressé à ne pas faire connaître ce traité et à ne pas le publier.

M, le Président du Conseil. — Je vous apporterai la preuve que cette divulgation n'a pas été le fait de nos représentants. Je l'ai d'ailleurs déjà donnée à la séance de la commission des Affaires extérieures.

M. Louis Barthou, président de la commission des Affaires extérieures. — Cette déclaration est exacte. Nous avions, en effet, posé la question à M. le Prési­dent du Conseil. Des journalistes ont commis des indiscrétions, c'est incontestable.

M. le général Pédoya. — Cette indiscrétion est très regrettable.

M. le Président du Conseil. — Une indiscrétion a été commise au Maghzen dont, très légitimement, exerçant en cela leur profession, se sont emparés les journalistes qui ont été renseignés, comme cela arrive quelquefois, avant le Gouvernement français.

M. Jaurès. — Et ce sont des journalistes français qui ont commis l'indiscrétion ?

M. le Président de la commission des Affaires exté­rieures. — On n'a pas ajouté d'épithète sur la na­tionalité.

M. le Président du Conseil. — J'ai dit que ce sont des indiscrétions qui ont été commises au Maghzen, sans que nous ayons pu d'ailleurs dégager les respon­sabilités; mais il est certain que l'indiscrétion n'a pas été commise par M. Regnault, ni par son entourage,...



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MessageSujet: HUBERT-JACQUES : Les journées sanglantes de fez, avril 1912.   HUBERT-JACQUES : Les journées sanglantes de fez, avril 1912. EmptyDim 1 Juin - 20:28

XIV
AVANT-PROPOS


... puisque M. Regnault avait pris soin de télégraphier pour me transmettre immédiatement le désir du Sultan.

M. le général Pédoya. — Quel que soit l'auteur de l'indiscrétion, elle est regrettable, puisqu'elle a eu des conséquences extrêmement sérieuses.

M. le Président du Conseil, ministre des Affaires étrangères. — Assurément (1).

Tout le monde — sauf M. Jaurès — sait que le Matin a été le seul journal qui ait publié, vingt-quatre heures avant tous les autres, la nouvelle de la signature du traité de protectorat.

Ce traité a été signé le 30 mars, dans l'après-midi. Le 30 mars au soir, le Matin en était infor­mé, vingt-quatre heures avant le Gouvernement ; par un radiogramme de son envoyé spécial à Fez.

Ainsi « les journalistes » qui ont commis, pa­raît-il, une indiscrétion, se réduisent à un seul : l'auteur de ce livre !
C'est donc lui qui, au dire un peu léger du gé­néral Pédoya, appuyé par le Président du Conseil, a occasionné « des conséquences extrêmement sé­rieuses » par « une regrettable indiscrétion ».

Et la Chambre et le pays ont pu rester sur une telle impression.


_____

(1) Journal Officiel du 21 juin, p.1645.


XV
AVANT-PROPOS

Il ne nous plaît pas d'accepter la formule d'absolution par laquelle, plus tard, M. le Président du Conseil a bien voulu nous couvrir, lorsqu'il a déclaré que ses renseignements ne lui permet­taient pas de " dégager avec certitude, ni même avec vraisemblance, aucune faute ni aucune res­ponsabilité " et qu'il semblait « qu'on se soit trouvé en présence d'un véritable cas de force majeure ».

Il ne nous convient pas d'être confondu avec les auteurs vraiment responsables des événements de Fez, sur la tête desquels doit retomber tout le sang répandu.
Ayant été accusé, nous entendons présenter notre défense.

Cette défense, qui consistera simplement à dé­masquer le grand coupable, fera l'objet de la troi­sième partie de cet ouvrage.
La première sera consacrée à la relation précise des faits horribles qui se sont passés dans Fez pendant les journées des 17, 18, 19 avril.
La seconde retracera tous les actes inouïs d'hé­roïsme, de vaillance et d'endurance que nos trou­pes — une faible poignée d'hommes — ont su si brillamment accomplir, inscrivant de nouvelles pages de gloire au Livre d'Or de notre Histoire Nationale.

__________




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MessageSujet: HUBERT-JACQUES : Les journées sanglantes de fez, avril 1912.   HUBERT-JACQUES : Les journées sanglantes de fez, avril 1912. EmptyLun 2 Juin - 9:25


Les Journées sanglantes
de Fez

_______________________________________________________________________

PREMIÈRE PARTIE


Les Massacres.

__________

Le Fasi.

La population de Fez, aussi bien par sa men­talité particulière que par son type spécial, se distingue absolument de celle de toutes les autres villes du Maroc.

Le Fasi (habitant de Fez) a généralement le teint très blanc, presque laiteux; sa mise est assez recherchée; ses mains, grasses et molles, sont l'objet de soins attentifs; sa démarche est lente, ses gestes sobres. Il a le regard fuyant, et seul ce regard, qui sait prendre toutes les nuances du calme le plus dédaigneux jusqu'à la haine la plus violente, anime son masque impassible et figé.

Ces caractéristiques, absolument particulières au Fasi, se retrouvent au degré le plus accentué chez les gens de la classe aisée et de la petite bourgoisie.



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MessageSujet: HUBERT-JACQUES : Les journées sanglantes de fez, avril 1912.   HUBERT-JACQUES : Les journées sanglantes de fez, avril 1912. EmptyLun 2 Juin - 9:32


2
LES JOURNÉES SANGLANTES DE FEZ
Le Fasi de basse condition, qui ne peut avoir la même recherche dans la tenue ni consacrer autant de temps aux soins de son corps, conserve cependant le même regard faux et hai­neux, la même physionomie impénétrable et sur­tout la même mentalité.

Le Fasi est traître, lâche et poltron.

Il a donné les preuves de sa traîtrise et de sa lâcheté le 17 avril 1912; il avait déjà donné celles de sa poltronnerie pendant la révolte de 1911.
Alors qu'à cette époque les gens des tribus, au nombre maximum de dix à quinze mille, ve­naient assiéger Fez et menaçaient de piller la ville, cette population veule de 100.000 âmes n'a ja­mais été capable d'essayer d'organiser sa défense elle-même. Elle était cependant parfaitement armée — les derniers événements l'ont prouvé — et retranchée derrière de hautes et épaisses mu­railles, n'ayant qu'à repousser des assaillants opé­rant en rase campagne.

Ce sont les tabors du colonel Mangin et du com­mandant Brémont qui, seuls, pendant trois mois, ont soutenu le siège. Et quand ceux-ci, épuisés, dépourvus de munitions, étaient sur le point de céder, il a fallu qu'une colonne française vînt au secours de ces 100.000 poltrons, qui n'ont su retrouver leurs armes et leur courage qu'un an après, lorsqu'il s'est agi d'assassiner, de massacrer et de martyriser, dans les rues ou dans leurs demeures, des Français sans défense.


3
LES MASSACRES



Que l'on ne dise pas qu'en 1911 l'émeute n'était dirigée que contre Fez-Djedid, c'est-à-dire contre la partie de la ville comprenant le palais du Sul­tan et ses dépendances, et non contre Fez-Bali, la ville civile et commerçante, parce que cette der­nière n'a pas été attaquée.

Les Fasi, moins que tous autres, ne pouvaient ignorer les mœurs marocaines. Ils savaient, à n'en pas douter, que si la ville avait été prise, c'était le pillage en règle, le pillage total, aussi bien de Fez-Djedid que de Fez-Bali.

Le Marocain ne résiste jamais à une mise à sac, qui est le but final de toutes ses actions de guerre. Rien n'est sacré pour un Marocain, qui pillerait même la demeure de son père, s'il ne restait plus rien à prendre autour de lui.

Il semble que l'exemple de Casablanca razziée, vidée, dévalisée de fond en comble en 1907 par les gens même de la Chaouïa, était un avertisse­ment pour les Fasi, leur rappelant suffisamment que les Marocains ne se privent nullement de se dépouiller entre eux.

Si donc les assaillants de 1911 étaient entrés dans la capitale, le sort de Fez-Bali et celui des quartiers commerçants de Fez-Djedid (Moulay-Abdallah et Zebbala) ne faisaient aucun doute : il n'en serait rien resté !




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MessageSujet: HUBERT-JACQUES : Les journées sanglantes de fez, avril 1912.   HUBERT-JACQUES : Les journées sanglantes de fez, avril 1912. EmptyLun 2 Juin - 9:36


Document hors-texte

En 1911 les troupes françaises viennent en renfort pour secourir la ville de Fès assiégée.


HUBERT-JACQUES : Les journées sanglantes de fez, avril 1912. Bascan14
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4
LES JOURNÉES SANGLANTES DE FEZ

Eh bien! malgré cette perspective qui les terro­risait, pas un seul Fasi n'a été capable, à cette époque, alors que l'on s'attendait d'un moment à l'autre à l'envahissement de la ville, d'organiser un semblant de résistance, de défendre la moin­dre porte, de tirer un seul coup de fusil! Ils res­taient à trembler dans leurs demeures ou leurs boutiques, dont ils se contentaient de clore préci­pitamment les volets au premier bruit de la ba­taille.

Nous verrons dans un instant comment ces lâches ont subitement recouvré tout leur courage en 1912 !


La Ville criminelle.


Sur les tombes des malheureuses victimes du 17 avril, le général Moinier, dans un superbe dis­cours de soldat, a appelé Fez : « la ville crimi­nelle ».
Ceux qui ne connaissaient sans doute pas suffi­samment la mentalité du Fasi ont pu lui repro­cher cette expression.
Nous estimons, tout au contraire, que ce mot est le plus juste et le plus vrai qu'il soit possible d'employer pour stigmatiser cette ville infâme, qui, pendant trois journées, s'est repue de sang et de carnage, se réjouissant des pires horreurs, se délectant au hideux spectacle des plus affreuses atrocités.


5
LES MASSACRES


Ces massacres ne sauraient, en aucune façon, être assimilés à des actes de guerre, que notre chevalerie française est, au contraire, la pre­mière à reconnaître et à exalter, même chez nos adversaires.

Les Marocains qui, le 1er juin, au nombre de 15.000, sont venus livrer au colonel Gouraud un beau et loyal combat, étaient des guerriers. Ceux-ci ont droit à toute notre estime et personne ne songe à la leur marchander.

Mais les Fasi, qui n'ont jamais été capables de se défendre eux-mêmes, qui n'ont su que massa­crer, mutiler et supplicier des hommes et des femmes sans défense, qui ont trahi la confiance que l'on avait en leur hospitalité — chose sacrée même chez les peuples les plus sauvages — sont des assassins et des lâches.

Et la ville qui les abrite, où ils trouvent, avec l'impunité, un asile et un refuge, est bien une " ville criminelle ".

Cela ne veut évidemment pas dire — et le gé­néral Moinier n'a jamais entendu affirmer — que TOUS les habitants de Fez aient été des criminels.



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MessageSujet: HUBERT-JACQUES : Les journées sanglantes de fez, avril 1912.   HUBERT-JACQUES : Les journées sanglantes de fez, avril 1912. EmptyLun 2 Juin - 10:08

Document hors-texte

L'armée marocaine in le journal "L'ILLUSTRATION" du 27/08/1910.

HUBERT-JACQUES : Les journées sanglantes de fez, avril 1912. Bascan15


Le caïd ANNOU, en tête de son tabor, défilant après le paiement de la solde
.




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6
LES JOURNÉES SANGLANTES DE FEZ

Cette objection est trop pauvre pour que nous nous arrêtions à la réfuter.

Nous avons dit que cette mentalité et cet état d'esprit étaient particuliers aux Fasi.
En veut-on une preuve ?

Lorsque nos troupes vinrent, le 21 mai 1911, délivrer Fez, sauvant non seulement les Euro­péens, mais encore les Fasi d'un massacre et d'un pillage certains; lorsque ces troupes assurèrent la sécurité d'une ville dont les habitants avaient été trop poltrons, malgré leur nombre, leurs armes et leurs munitions, pour se défendre eux-mêmes, on est porté à supposer que les Français furent accueillis en véritables sauveurs qu'ils étaient.

Il n'en fut rien.

Les Fasi continuèrent à nous être ouvertement et farouchement hostiles. Leurs regards chargés de haine et de mépris suivaient encore chaque Français qui s'aventurait dans les rues de la ca­pitale. Nos officiers, plus particulièrement, étaient l'objet de leur ressentiment sournois, et dès que l'un d'eux croisait un de ces Fasi musqués, aux mains blanches, portant sous son bras son tapis de prière, ce personnage détournait la tête pour cracher de dégoût.
Plusieurs incidents, dont les conséquences eussent pu occasionner de graves échauffourées, faillirent se produire à Kaisseria (grand quartier commerçant du centre de la ville), où des officiers furent volontairement bousculés par des gens les toisant avec insolence.


7
LES MASSACRES



Seul l'esprit de sagesse et de patience des nôtres réussit à éviter de multiples incidents.

Et nous en appelons ici au souvenir de tous ceux qui se trouvaient à Fez à cette époque pour affirmer que nous n'exagérons nullement.
Voilà donc l'accueil qui fut réservé par les Fasi aux Français qui venaient de sauver leur ville, à ceux-là mêmes auxquels ils devaient la vie et la conservation de leurs biens.

Quelques jours après — le 8 juin 1911 — les Français entraient à Meknès. Et dans quelles con­ditions différentes cette fois !

Ils y entraient après un combat assez dur qui dura toute la matinée; ils y entraient en faisant sauter à la mélinite la porte de L'aguedal; ils y entraient pour détrôner et faire prisonnier le sultan Moulay-Zine, que les habitants de Meknès avaient proclamé; ils y entraient pour destituer tous les ministres et fonctionnaires que les Meknasi insurgés s'étaient donné.

Ils ne se présentèrent donc pas en sauveurs, comme à Fez, mais en ennemis conquérants. Et l'on eût, cette fois, compris un ressentiment jus­tifié de la population à leur égard.

Or, bien au contraire, ce fut un accueil sympathique, franc, cordial, jovial même, qui fut réservé aux Français partout où ils se présen­taient.



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8
LES JOURNÉES SANGLANTES DE FEZ

Plus de regards chargés de rancune, de ces attitudes provocantes, de ces gestes de mépris, de ces expressions de dégoût que l'on ne ren­contre que dans la capitale. On ne peut même pas dire que cette attitude fut commandée par la crainte, car elle était spontanée, absolument naturelle et vraiment sincère.

Nous nous souvenons qu'au cours d'une promenade en compagnie de plusieurs officiers dans les quartiers commerçants, nous nous arrêtâmes à la devanture d'un café maure pour absorber quelques tasses de thé à la menthe. Lorsque nous voulûmes régler la modique dépense, le cafetier s'y refusa formellement, ne voulant rien accepter. Plusieurs fois nous renouvelâmes l'expérience : nulle part on ne nous laissa payer. Et toujours avec un sourire aimable et des paroles de bien­venue courtoises, les Meknasi nous accueillaient, le visage ouvert.

Ce contraste saisissant fit regretter à beaucoup que les circonstances n'aient pas permis d'infliger aux Fasi ingrats la leçon méritée par leur haineuse insolence.
Cette occasion se présenta malheureusement dans des conditions d'une gravité exceptionnelle, le 17 avril. Et on la laissa criminellement échapper !

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Détails de la carte des environs de Fès.



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LES MASSACRES


Nous dirons, dans la troisième partie de ce livre, comment et par la faute de qui.

Lorsque le docteur Mauchamps fut assassiné à Marrakech, le territoire marocain fut envahi, et une ville — Oudjda — prise en gage; lorsque quelques ouvriers du port furent massacrés à Casablanca, la ville fut bombardée pendant deux jours, et 3.000 hommes de troupes débarquèrent pour s'emparer de la Chaouïa; lorsque, en dehors des opérations de guerre, un officier, le lieute­nant Méaux, fut assassiné sur les confins de la Chaouïa, une colonne d'opérations envahit aussi­tôt les Zaers et occupa la région, après s'être fait livrer les meurtriers. Le principe a toujours été qu'au moindre attentat succédât immédiatement une répression des plus sévères. Par cette méthode seulement nous avons pu faire respecter le pres­tige de l'Européen auprès de populations qui ne comprennent guère, au début, que la force alliée à la justice, et considèrent comme une preuve d'impuissance toute mesure prématurée de clé­mence et de pardon.



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LES JOURNÉES SANGLANTES DE FEZ
Or, à Fez, pendant trois journées, la population s'est livrée aux pires excès, promenant de par les rues d'horribles débris humains piqués au bout de bâtons, jouant au football avec des têtes d'officiers, traînant des cadavres mutilés dans la boue, se faisant d'affreux colliers avec les intestins fu­mants des victimes, et, pour toute sanction, qua­rante-huit exécutions, intervenant plus d'un mois après !

Il y avait eu cependant douze officiers, cinq sous-officiers, un caporal, deux soldats et neuf civils, dont deux femmes, lâchement massacrés, torturés, mutilés... rien que dans la journée du 17. Le nombre des victimes ne devait pas tarder à s'élever à quatre-vingts les jours suivants.

L'ambassade de M. Regnault, qui était partie de Tanger le 16 mars, devait quitter Fez le 17 avril au matin.

Le traité de protectorat avait été mystérieuse­ment signé le 30 mars. L'audience solennelle de congé, avec un échange réciproque de congratu­lations, avait eu lieu; et, la veille 16 avril, le Sultan, selon la caïda, présidait en son palais de Fez-Djedid un grand déjeuner d'apparat offert à tout le personnel de l'Ambassade.

Après le déjeuner, on se rendit dans le menzeh, sorte de petit pavillon de réception du Sultan situé dans le Méchouar, pour prendre le café et le thé, arrosés de quelques liqueurs rigoureuse­ment prohibées par le Coran.

11
LES MASSACRES

Fumant dans un bout d'ambre des cigarettes d'Orient que lui présentait tout allumées son Moul-el-Doukhan, Moulay-Hafîd semblait inquiet. Déjà, pendant le repas, il avait laissé échapper quelques mots à double entente. C'est ainsi que M. Regnault ayant excusé le général Brulard, tout récemment promu, de porter encore la tenue de colonel, Moulay-Hafîd lui répondit : « II fera bien de revêtir au plus tôt ses insignes de général, car il ne tardera pas à en avoir besoin. »

Malgré cela, Moulay-Hafid, cherchant à se mon­trer très familier, entamait une partie d'échecs avec M. Regnault.

Contrairement à toute étiquette de Cour, notre ministre, voulant faire montre de ses talents su­périeurs en toutes choses, et croyant sans doute l'honneur de la Diplomatie engagé, battit outra­geusement Sa Majesté Chérifienne. Il alla même jusqu'à se permettre de lui faire des « représen­tations » chaque fois qu'Elle essayait timidement de tricher, en déplaçant subrepticement les pièces françaises ou en faisant exécuter des marches désordonnées à ses cavaliers maghzen.

— Tu vois, disait Moulay-Hafid avec un rire vexé à Ben-Ghabrit, je n'ai même plus le droit de commander à ma cavalerie d'aller où je veux, ni d'organiser ma défense comme il me convient.




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Document hors texte

Les Vizirs marocains visitent le dispensaire français de Fès

in Journal L'ILLUSTRATION du 27/08/1910.


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LES JOURNÉES SANGLANTES DE FEZ

Et l'on reprochera ensuite au Sultan d'avoir dit: « Je ne suis plus rien; ce sont maintenant les Français qui commandent ! »

II est vrai que M. Regnault, ayant tenu a montrer qu'il savait, à l'occasion, n'être pas plus fier qu'un souverain, consentit obligeamment à entamer ensuite une partie avec les journalistes.
Ce fut, cette fois, la Diplomatie qui ne tarda pas à être rapidement mise « échec et mat » par la Presse.

Décidément, c'était la journée des avertisse­ments !


Les heureuses conséquences d'un orage.

L'orage, qui avait menacé toute la matinée, éclata soudain, vers 2 heures de l'après-midi, avec une violence inouïe. Des trombes d'eau s'abattirent sur la ville, transformant en lacs tous les abords du palais. Quant au petit pavillon impérial dans lequel le Sultan recevait ses invités, il y pleuvait presque autant qu'au dehors. Les escaliers intérieurs eux-mêmes, qui grimpaient de la salle d'audience au salon de réception, étaient convertis en un torrent impétueux, dont chaque marche formait une cascade bondissante.

13
LES MASSACRES


N'osant s'exposer à un tel déluge, les membres de l'Ambassade attendirent, jusqu'à 5 heures du soir, un moment d'accalmie pour pouvoir se re­tirer.

La perspective de se mettre en route dès le len­demain et d'avoir à traverser sous une pluie dilu­vienne des pistes boueuses, défoncées par les eaux — alors surtout que la caravane ministérielle comprenait plusieurs dames — fit, à ce moment, envisager la possibilité de retarder le départ de quelques jours : le ciel aurait le temps de s'éclaircir et les pistes de sécher.

Entre deux parties d'échecs, tenant sur ses ge­noux une tasse de thé parfumée d'ambre et de menthe verte, dans la tiédeur des fumées d'encens et de bois de rose se consumant dans des brûle-parfums d'or, un parapluie au-dessus de la tête et les pieds dans l'eau, M. Regnault, toujours so­lennel, tint un rapide conseil.
Il fut décidé, une des personnes de la suite étant d'ailleurs légèrement indisposée, que le dé­part serait renvoyé jusqu'au 20 ou 21 avril, c'est-à-dire à trois ou quatre jours plus tard.
Et c'est ainsi que, inconsciemment, comme toujours d'ailleurs, le sort de tous les membres de l'Ambassade venait de se jouer.



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Document hors-texte

HUBERT-JACQUES : Les journées sanglantes de fez, avril 1912. Bascan20

Le Tabor du caïd Acha' Habib Baka et les instructeurs français.

Photographie de M. BRINGAU in Journal L'ILLUSTRATION du 27/08/1910.




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LES JOURNÉES SANGLANTES DE FEZ

On verra bientôt, en effet, que, si la Mission s'était mise en route le lendemain, à l'heure fixée, elle eût été complètement anéantie et massacrée.

Assiégé de midi à neuf heures du soir.

Le 17 avril au matin, le ciel était gris, chargé de gros nuages bas. La température était humide et froide. C'était le jour de l'éclipsé totale de so­leil, qui ne fut .pas observable à Fez... pour des raisons autres encore que celles d'ordre météoro­logique !

Depuis l'arrivée de l'Ambassade, nous occu­pions — M. Meynot, de l'Agence Havas, le lieu­tenant d'infanterie en congé Perot et moi-même, du Matin — une petite maison mauresque située au Tala, dans le quartier le plus dangereux de toute la ville. Elle se trouvait sur la grande rue centrale qui conduit à la mosquée célèbre de Moulay-Idriss, où se rendirent la plupart des soldats révoltés pour se mettre en état de djihâd (1).

La maison, comprenant un rez-de-chaussée et deux étages, occupait deux des côtés d'une cour intérieure carrée. (i) Guerre sainte.

15
LES MASSACRES

Chaque étage était divisé en deux pièces et un petit réduit; même disposition au rez-de-chaussée, dont le réduit nous servait de cuisine. Deux des pièces du second étage seu­lement avaient des petites lucarnes donnant à l'extérieur, sur la grande rue centrale du Tala.

Nous venions de nous mettre à table depuis quelques instants lorsque, vers 1 heure moins le quart, un de nos domestiques, indigène algérien, que nous avions envoyé en ville faire une course, rentra précipitamment, paraissant en proie à une profonde émotion.

— La révolution vient d'éclater, nous dit-il ; on tue les Français dans les rues. Fermez vite toutes les portes ....

Nous devons avouer que cette nouvelle, jetée assez brutalement, nous produisit sur l'instant un petit pincement au cœur. Mais la réflexion vint aussitôt.

Quelle mauvaise plaisanterie ! Une révolution aurait éclaté soudainement à Fez, le jour où l'Ambassade devait précisément se mettre en route ? Mais c'était impossible ! Nous savions bien que les nouvelles de l'extérieur étaient mauvaises, que l'état d'esprit de la population citadine était toujours dangereux; mais il n'était pas admissible qu'un événement de l'importance d'une révolu­tion pût éclater, sans que l'Ambassade en fût prévenue, et ait pris les précautions indispensables dont nous, journalistes, aurions forcément eu connaissance.



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