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Mémoire de la présence Française au Maroc à l'époque du Protectorat
 
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 LE MAROC ET SES VILLES D'ART, TANGER, FES ET MEKNES

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Paul CASIMIR





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LE MAROC ET SES VILLES D'ART


LE MAROC ET SES VILLES D'ART, TANGER, FES ET MEKNES Fscan_10


Tanger,
Fès, Meknès



PIERRE CHAMPION


H. LAURENS , éditeur
.


Dernière édition par Paul Casimir le Jeu 1 Mai - 14:21, édité 1 fois
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A MONSIEUR

LE MARECHAL LYAUTEY



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Nous sommes, au Maroc, au pays de l'immuable, sur une terre qui fut comme isolée du monde depuis la fin du XVI° siècle. Le seul pays, à coup sûr, où la des­cription d'une capitale comme Fès. donnée peu après 1500 par Léon l'Africain, puisse être vérifiée sur place; où les artisans sont encore capables d'entretenir et de reproduire traditionnellement les frêles et gracieux travaux d'art apparentés à ceux que nous admirons, depuis si longtemps, en Espagne islamisée; où le plus récent des historiens, en-Nasiri, a conté la guerre avec l'Espagne de 1859, comme tel chroniqueur de l'époque des Mérinides ; où tant d'usages, de coutumes, semblent reproduire, sans changement appréciable, non seulement les rites millénaires de la vie publique et privée du Maroc, mais aussi ceux de chez nous, entre le XIII° et le XVI° siècle.

Assurément, pour le découvrir, il n'y a qu'à savoir regarder les choses et les gens. Car ce n'est pas seulement le pittoresque qui, suivant le mot d'Eugène Delacroix, « vous crève tellement les yeux, à chaque pas, qu'on finit par y être insensible »; mais d'antiques survivances, païennes même chez les Berbères, la vie de chaque jour des cités vous mettent, tout à coup, sous les yeux comme le passé vivant. L'historien, pour le reconnaître. « n'est gêné par aucun souci de transposition et de reconstitution (1) ». Au Maroc, comment un chartiste n'aurait-il pas cédé à la tentation de vérifier ces aspects à l'aide de tant d'anciennes descrip­tions de voyageurs, de pèlerins, de géographes, qui abondent depuis le XII° siècle,



(1). Lévi-Provençal, Les Historiens des Chorfa. Paris, 1922, p. 11.


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2
INTRODUCTION

et qui semblaient lui dévoiler le visage mystérieux des belles cités qu'il a eu l'occasion de parcourir entre 1916 et 1918 ? Comment n'aurait-il pas tenté de naviguer sur cette « mer des histoires » qu'est l'admirable recueil de documents publié par M. H. de Castries, de lire sur place tant de témoignages de diplomates, de marchands, de toutes nations et de tout acabit, qui lui paraissaient animer d'une vie antérieure les vieilles cités qu'il découvrait alors ? Méthode qui pouvait bien avoir son péril, mais aussi sa valeur.

Enfin l'auteur de ce travail a lu tout ce qui lui a été accessible chez les chroniqueurs marocains, qui ne sont pas fort nombreux, et qui ont leur point de vue, différent du nôtre. Mais c'est aussi un résultat de la critique contemporaine « qu'à tout prendre, les Musulmans parlant de leur patrie sont toujours plus près de la vérité que les auteurs Européens (1) ». Il a déclamé les bulletins de victoire en Espagne des émirs devant la Koutoubya : et ces textes, emphatiques et gran­diloquents, lui ont fait apparaître l'écrasante puissance et la méthode qui ont caractérisé la conquête (traits essentiels marqués si nettement dans les assises, les proportions et les lignes des monuments de cet âge).

Il a lu l'admirable Ibn Khaldoun, cet Aristote du XIV° siècle en Islam, à l'ombre de la majestueuse façade de la médersa Bou Ananiya, près de la large vasque où bouillonne une eau fraîche. Alors la noble proportion de ce collège délité lui est apparu dans sa jeune beauté et il a compris, avec son auteur, com­ment l'art naquit dans la cité, donna sa fleur au temps où une même civilisation régnait de Séville au Caire, en passant par Tunis; avec lui, il a pris parti contre les Arabes nomades et dévastateurs et vitupéré les Berbères incultes.

L'auteur du Rawd el-qirtas, qui vécut à Fès, au XIV° siècle, a fait passer devant ses yeux l'étincelante et fanatique armée des croyants, leurs étendards victorieux: alors il a imaginé le rapport qui existe entre cette civilisation affinée et la puissance militaire des Béni Merin qui s'affirma sur tant de portes aussi triom­phales qu'ornées, de tombeaux brillants, de murailles guerrières tendues d'un harmonieux décor. El-Ifrani, au mausolée des Saadiens, lui a fait entrevoir cette Renaissance à l'italienne, et surtout à la turque, qui caractérise l'apogée d'une dynastie qui vient de donner la mesure de sa force par la conquête du Soudan, s'amuse des fleurs de la rhétorique des poètes comme elle se divertit des arabesques de ses artistes, de l'acanthe des chapiteaux ouvragés, de tant d'incrustations dorées. L'un des chérifs, Moulay Ismaïl, le plus Marocain des sul­tans, réalise l'unité de l'empire anarchique par la force et la force noire: il assure l'ordre par la terreur. Tous se taisent. Car ez-Zayyani ne dit que ce qu'il peut dire, et tardivement. Mais les ambassadeurs, les captifs, les religieux dévoués au rachat des captifs ont parlé. Et leur témoignage forme un commentaire sans pareil des ruines énormes et majestueuses de Meknès.

Tout est à la mesure de tout: il suffit d'y prendre garde. Et nous faisons


(1). Houdas, Monographie de Méquinez (avertissement).


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3
INTRODUCTION

encore œuvre d'archéologue si nous développons les vers du poète recueillis par el-Ifrani : « Lorsque les princes veulent rappeler le souvenir de leur gloire, ils le font par le langage des monuments. »

Ce qui revient à dire, qu'autant qu'il l'a pu, l'auteur a cherché un point de vue pour décrire les villes d'art du Maroc (les Mérinides à Fès, Moulay Ismaïl à Meknès, les corsaires à Salé, les Almohades et les Saadiens à Marrakech). Il a même conté pieusement l'origine des monuments religieux ou des cités. Il eût voulu pouvoir s'exprimer comme un chroniqueur d'Islam, disparaître absolument devant les témoignages ou les monuments eux-mêmes. Si ce n'est pas le ton qui convient aux volumes de cette collection, il demeure de plus en plus convaincu que l'art de l'historien est fait de sacrifices, que jamais nous ne saurons dire les choses comme ceux qui les ont vues.


Sans doute le temps est déjà bien loin de nous où il eût fallu justifier le rap­prochement de ces deux mots art et Maroc. L'art marocain nous a conquis dans le moment où nous faisions la conquête du pays: il a triomphé dans les différentes expositions et jusque dans les galeries du Musée des Arts Décoratifs. Il jouit même d'une vogue qui n'a pas paru sans périls à certains.
Quelles sont les origines de cet art, et dans quelle mesure a-t-il pu être-influencé par l'Europe ? Voilà un vaste problème qui ne sera résolu que lorsque la chronologie des monuments sera mieux et plus complètement établie.

Il semble assuré qu'il est le reflet d'une civilisation importée en pays Berbère (Byzance et les Visigoths avaient laissé des traces et des modèles dans l'art de la fortification), où se marque l'influence syrienne qui, de Kairouan et de Tlemcen, passa en Espagne et fit retour au Maroc.
Mais enfin il faudrait pouvoir rendre compte des grandes Qaçbas berbères de l'Atlas qui, traditionnellement, semblent bien reproduire des prototypes anciens, ne pas oublier que c'est en 1157 qu'Abd el-Moumen, dans les gorges de l'oued Nefis, réédifia Tinmel, sur le lieu de la sépulture du madhi : et ce qui reste de l'admirable mosquée suffit à prouver que ce monument est l'ancêtre de toute l'architecture marocaine.

Au Maroc on conserve encore vivante la tradition qui attribue aux ouvriers andalous tout ouvrage régulier aux assises de pierre. A tout prendre, cette tradi­tion orale est la même que celle donnée par Ibn Khaldoun, secrétaire d'Abou Inan à Fès, en 1358. C'est lui qui nous a dit, dans ses magnifiques Prolégomènes, que l'art est une faculté acquise qui se perfectionne seulement dans les villes très peuplées; que le conservatoire des arts était, en son temps, l'Espagne. Alors les Andalous travaillaient, non seulement en Espagne, mais encore à Tunis, au Caire : « On les distingue des habitants de tous les autres pays. » Et c'est Ibn Khaldoun qui a écrit, à propos des Arabes, que les peuples les moins civilisés sont ceux qui font les conquêtes les plus étendues; qu'ils étaient le peuple du monde qui avait le moins de disposition pour les arts et qu'ils avaient dévasté


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4
INTRODUCTION

l'Afrique et le Maghreb. « Les Berbères, peuple non arabe qui habite le Maghreb, peuvent être mis sur la même ligne que les Arabes, parce qu'ils sont habitués, depuis des siècles, à la vie nomade : cela se voit même au petit nombre de leurs villes. Aussi les arts sont-ils peu répandus dans le Maghreb, à l'exception toutefois du tissage des laines, de l'art du corroyeur et de celui du tanneur. » Et l'on doit à Ibn Khaldoun l'indication que les Arabes apprirent les arts de la Perse. Telle est aussi la conclusion récente des archéologues, de M. Dieulafoy en particulier, qui a montré la marche de cet art iranien, l'évolution de son principe et de son décor, entre le XI° et le XIV° siècle, en Islam (1).

Quoi qu'il en soit de ces traditions ou de ces théories, il y a eu unité entre l'Espagne et le Maroc avant son isolement du XVI° siècle. La Koutoubya, la tour Hassan, la Giralda sont trois robustes sœurs : les médersas de Fès, l'Alcazar de Séville et l'Alhambra de Grenade, sans présenter absolument la même technique, offrent les mêmes motifs, la même valeur artistique.
En résumé, à Grenade comme à Fès, durant le XIV° siècle, il y a eu une civili­sation identique, des rapports constants entre ces deux centres. Mais on observe aussi, au Maroc, un développement particulier de l'art dû à une technique qui n'était pas la même et varia suivant l'emploi des matériaux. Les constructions du Maroc conserveront quelque chose de plus robuste que celles d'Espagne, faites de chaux, de briques, de plâtre orné répandu à profusion, moulé à ce qu'il semble, aux murailles revêtues du haut en bas de faïences polychromes, aux voussures si chargées de ruches d'abeilles et de stalactites. Cette dentelle de plâtre, au Maroc, aura un emploi plus réduit : taillée dans le frais, au couteau, les détails inclinés de bas en haut suivant un plan qui met en valeur tous leurs reliefs, elle n'a jamais pu être moulée. La céramique excidée qui court comme une frise au-dessus des lambris de zelliges taillés au marteau est, au Maroc, d'une technique origi­nale. Mais surtout l'emploi très abondant du bois (l'incorruptible bois de cèdre parfumé qui est amené des forêts de l'Atlas), dans ces beaux linteaux si caracté­ristiques de l'art marocain, dans de grandes frises, dans les auvents triomphaux, motifs qui jadis ont été couverts de peintures rutilantes, de brillantes fleurs, différencie beaucoup les monuments du Maroc de ceux d'Andalousie (2). Plus que les dates que l'on pourrait produire (cette fleur de l'art des Béni Merin a poussé dans un si petit nombre d'années), et qui feraient certaines médersas de Fès anté­rieures de quelque dix ans à l'Alhambra, nous retiendrons ces différences de technique et de conception; et nous noterons ce fait, plus important encore, que les monuments du Maroc nous sont parvenus beaucoup plus intacts que ceux d'Andalousie.


(1). L'église et la mosquée dans les Mélanges de H. Derenbourg : Introduction à l'His­toire des Arts de l'Espagne et du Portugal.

(2). Tout ceci a été exposé de la manière la plus convaincante par M. de La Nézière dans l'introduction à son admirable ouvrage: Les Monuments Mauresques du Maroc, p. IV - VII .


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5
INTRODUCTION

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La harka du Sultan.
Cliché Pierre

Quant à l'influence européenne, elle n'aurait guère pu se manifester qu'à partir de la fin du XVI° siècle, quand le Maroc entra, pour une si faible part, dans la politique générale. Mais on ne voit pas bien les résidents, les négociants, les aventuriers qui tournent autour des chérifs, exercer quelque influence sur les arts. Le Maroc a des ennemis héréditaires, l'Espagnol et le Portugais : ce dernier vient d'être défait à Ksar el Kebir (1578). Les Hollandais et les Anglais ne sont que d'âpres négociants et des puritains qui fêteront, avec les Marocains, la défaite de l'invincible Armada. Ils guettent le retour de la flotte d'argent, arment les corsaires, exportent et vendent. Quelques agents Italiens ont vécu dans Fès humanisée, « castillanisée ». Et c'est un fait que les riches Saadiens achetaient, à leur poids de sucre, ces colonnes et ces chapiteaux de marbre que taillaient les Toscans : Montaigne, dans son Voyage en Italie, dit avoir visité un de ces ateliers.

Les ambassadeurs des rois de France ont laissé au Maroc des armes, des glaces, des tapis. Les captifs du XVII° siècle (beaucoup sont devenus spontanément des renégats) ont assuré des services militaires dans l'artillerie, sur la flotte. Et cer­tains ont pu exercer sur la technique, et peut-être sur l'ordonnance de l'architecture, une influence, puisque la belle porte de Meknès, la plus architecturale du Maroc à notre point de vue, est attribuée à un renégat, à Mansour l'Islamisé. Voilà à quoi peut se réduire l'apport de l'Europe.

En résumé, nous sommes au Maroc en présence d'une vieille tradition des artisans des villes, dégénérée mais toujours vivante, vraisemblablement celle des Andalous.


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6
INTRODUCTION

Robuste à l'époque des grands chocs de la croisade musulmane, elle s amenuise au XIV° siècle, se pare de grâce brillante au XVI° siècle ; au XVII° siècle elle s'achemi­nera vers l'éclat, l'effet, et vers le mauvais goût à la fin du siècle dernier. Et, parallèlement à cette tradition, nous trouvons une autre tradition vivante, celle des Berbères, des gens de la campagne, comme l'a déjà si fortement indiqué Ibn Khaldoun. Ce classement, un des meilleurs connaisseurs des arts indigènes, M. Prosper Ricard, nous le propose encore. Mais donnons, une fois de plus, la parole au vieux sage, l'auteur des Prolégomènes : « La civilisation des campagnards est inférieure à celle des habitants des villes : tous les objets de première nécessité se trouvent chez ceux-ci et manquent très souvent chez les autres. Les campagnes ne peuvent pas fournir aux cultivateurs les divers instruments agricoles, ni leur offrir tous les moyens qui facilitent la culture de la terre : les arts manuels sur­tout n'existent pas. On n'y trouve ni menuisiers, ni tailleurs, ni forgerons. Tous les arts qui fournissent aux premiers besoins de la vie, et qui offrent à l'agriculture des objets indispensables, n'existent pas en dehors des villes ; les paysans n'ont pas de monnaie d'or et d'argent, mais ils en possèdent l'équivalent dans les pro­duits de leurs terres et de leurs troupeaux... Un peuple qui continue à habiter le pays ouvert ne saurait se passer du voisinage d'une population urbaine. Or le caractère le plus remarquable de la vie sédentaire c'est l'empressement qu'on met avarier ses jouissances et à cultiver les arts qui s'emploient dans les diverses voies et les diverses modes que le luxe se plaît à suivre. On s'occupe de la cuisine, des vêtements, des maisons, des tapis, de la vaisselle et de tout le reste de l'ameu­blement qui convient à une belle habitation... Les Perses communiquèrent les habitudes de luxe aux Omeyyades et aux Abbâsides. Les Omeyades espagnols trans­mirent les usages de la vie sédentaire aux souverains Almohades et aux Zénètiens du Maghreb, et ceux-ci les conservent jusqu'à ce jour.... Plus une dynastie est puissante, plus se développent chez elle les usages de la vie sédentaire. En effet ces usages naissent du luxe : le luxe suit la possession des richesses et du bien-être; ceux-ci s'acquièrent par la conquête d'un royaume et sont toujours en rapport avec l'étendue d'un pays soumis à l'autorité du gouvernement, Le luxe est en rapport direct avec la grandeur de l'empire. Examinez ce principe et comprenez-le bien: vous le trouverez exact en ce qui regarde les empires et la civilisation. Dieu est l'héritier de la terre et de tout ce qu'elle porte. »


Conserver la tradition de cet art vivant dans sa double direction (art de la ville, art paysan), prolonger la durée des témoignages de l'art d'autrefois par la conser­vation des monuments historiques, telle a été la double préoccupation de ce grand chef, le maréchal Lyautey, et de ses collaborateurs du Service des Beaux-Arts. Et l'on peut affirmer que, de même qu'il a tiré le Maghreb de l'anarchie et qu'il l'a organisé, le maréchal Lyautey a sauvé les villes, les sites et les paysages du Maroc. D'abord, par une mesure radicale, si sage à tous points de vue, qui a été la création des villes modernes à côté des cités anciennes, venant se greffer


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7
INTRODUCTION


sur elles, sans causer les ruines définitives qui ont désolé les anciennes cités de l'Algérie. Les monuments, les enceintes ont été classés et restaurés par les ouvriers du pays, encore capables de le faire et de profiter de la leçon que les monuments de la belle époque peuvent seuls donner. Mais il y a plus. Ce ne sont pas seulement les monuments qui ont été protégés, mais des sites urbains entiers, des paysages, de façon à conserver le groupement, si essentiel, du site et du monu­ment. Enfin, au point de vue des arts indigènes, on s'est efforcé de ne pas gâter ce qui était encore dans la tradition tout en offrant aux artisans l'exemple des modèles anciens, en créant des Musées, en leur procurant des travaux qui les faisaient vivre dans nos propres constructions officielles adaptées au style tradi­tionnel du pays.

Œuvre immense, irréalisable sans doute d'une manière rigoureuse sous la poussée des besoins nouveaux que nous faisons naître, par suite de la fascination de notre modernisme qu'apprécient, certes, les Marocains (éclairage électrique des cités, télégraphe, téléphone, chemins de fer, etc.). Le vieux Maroc n'est plus. Mais l'ancien Maroc vit toujours. Et nous avons la conviction qu'il réserve encore bien des surprises artistiques, beaucoup de séduction à qui voudra s'abandonner à cette sévère contrée. Un pays grave, que défend une côte rocheuse, rappelant parfois la Bretagne, que viennent battre les rouleaux blancs de l'Atlantique un grand pays de plaines blondes, où la terre noire est l'exception, où la tente, la hutte de roseaux, la maison de terre battue semblent marquer si peu l'existence de l'homme; une plaine qui escalade bientôt les plateaux herbus et solitaires pour gagner les sommets neigeux de l'une des plus hautes montagnes du monde. Un ciel parfois voilé, une lumière aussi souvent douce qu'implacable, sur la côte surtout, lui donne cette enveloppe brillante et humide que ne connaissent pas les régions méditerranéennes. Des êtres à demi nus « d'une beauté antique »(1) portant avec une noblesse incomparable les haillons de leur pauvreté; dans les campagnes, des scènes où notre imagination revit toute la Bible; dans les villes, des foules pitto­resques; des fêtes religieuses et nationales où les guerriers et les caïds ressuscitent la féodalité d'autrefois, voilà le musée toujours ouvert que découvrira encore le voyageur un peu sensible. Mais surtout des cités, les grandes et belles cités du Maroc, qui sont presque toutes des villes d'art avec leurs industries, leurs souqs; des villes qui sont elles-mêmes de grands souqs, abris millénaires du négoce, des provisions et du plaisir, protégés comme des trésors par les diverses enceintes de leurs murailles, enchantement du villageois et du nomade; villes dont la physio­nomie est si attachante et diverse, qu'on finit par leur donner, comme le faisaient les anciens, une figure personnelle.

Puisse ce livre contribuer à faire comprendre (c'est le premier mouvement de


(1). C'est le mot d'Eugène Delacroix dans la lettre admirable à Théophile Silvestre : « L'aspect de cette contrée restera toujours dans mes yeux: les hommes et les femmes de cette forte race s'agiteront, tant que je vivrai, dans ma mémoire; c'est en eux que je veux retrouver la beauté antique... »


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8
INTRODUCTION


l'amour) les cités et les paysages du Maroc. Qu'il soit, du moins, comme un témoi­gnage de reconnaissance envers ce pays de la lumière où j'ai trouvé la lumière du jour, connu l'amitié et la joie du mouvement (1). Et qu'il soit aussi un signe de res­pectueuse gratitude pour le grand chef qui l'a passionnément animé de son intel­ligence, du rayonnement de son activité et de son grand cœur.


(1). C'est un devoir pour moi de remercier tant de personnes qui m'ont obligé : M. Michaux-Beliaire à Tanger; Ben Zidan à Meknès, ainsi que M. et Mme Réveillaud ; M. L. Châtelain à Volubilis; M. Prosper Ricard à Fès; mes amis de Rabat, MM. Tranchant de Lunel, de La Nézière, Basset, Galotti, de Montarnal, et plus tard M. Edmond Pauty; le Slaoui ; mon ami Aimel, à Marrachek. Mr. J. de La Nézière a mis à ma disposition, de la manière la plus gracieuse, de beaux documents photographiques. Le Directeur du Service des Beaux-Arts m'a communiqué la plupart des documents qui ont servi à illustrer ce livre. D'autres m'ont été communi­qués à l'Office du Protectorat à Paris, par MM. Nacivet et Mourey, par M. le comman­dant Larribe.


LE MAROC ET SES VILLES D'ART, TANGER, FES ET MEKNES Fscan_23

Une rue à Fès. Cliché Beaux-Arts.


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9
LE MAROC ET SES VILLES D'ART, TANGER, FES ET MEKNES Fscan_17

Porte de la mer et Bordj es-Salâm.    Cliché Rodolphe Neuer.

TANGER

Tanger n'est pas ce que l'on peut appeler une ville d'art. C'est plutôt la ville des artistes, où Delacroix, Dehodencq, Regnault et Clairin découvrirent le Maroc. Ville charmante, avec quelques monuments, [dans l'un des plus beaux sites du monde, Tanger n'est pas non plus la porte du Maroc, la porte historique du moins. C'est la vieille et farouche Taza, commandant l'un des passages principaux de l'Algérie au Maroc, et fermant la route classique des invasions, qui a vraiment droit à ce titre. Et le voyageur qui, arrivant d'Oran et d'Oudjda, visitera le site de Taza, verra la vieille mosquée et son lustre, découvrira le cercle des montagnes austères, aura vraiment le sentiment qu'il pénètre ici dans un autre pays, dans une autre civilisation. Mais l'antique et charmante Tanger est l'entrée naturelle de l'Europe en Afrique. Elle est le premier éblouissement, le chaînon naturel qui relie le Maghreb à l'Andalousie. Longtemps Tanger a été le seul point que les Européens, artistes, écrivains, trafiquants,


Dernière édition par Paul Casimir le Sam 19 Oct - 8:52, édité 3 fois

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10
TANGER

fréquentèrent. Longtemps la visite de Tanger continuera d'être comme la préface au voyage à travers les villes d'art que nous allons entre­prendre au Maroc. Et ses foules amusantes, cosmopolites aussi, sa société raffinée où l'Espagne, l'Angleterre, la France coudoient le meilleur et le pire, le monde juif, le makhzen, le berbère rifain et le nègre, séduiront toujours. C'est par ailleurs une très ancienne ville, située à la limite du monde connu des anciens, là où naquirent des légendes fameuses (près du cap Spartel sont les grottes où Hercule aurait habité et l'on situe le

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Mur d'enceinte de la Qaçba.
cliché Michaux-Bellaire.

jardin des Hespérides dans les parages de Larache), une ville carthagi­noise, romaine, chrétienne, portugaise, anglaise, musulmane, makhzen, et qui attend encore son destin.

La ville, étagée sur les pentes du Djebel el-Kebir, à qui vient de la mer, offre le plus riant aspect, avec ses cubes blancs, bleutés, ocreux d'où émerge un élégant minaret. Elle est entourée d'une enceinte crénelée accrochée à une falaise verdoyante; l'ensemble est dominé par une petite acropole que forment les bâtiments du gouvernement, les casernes et les batteries: c'est la Qaçba. De l'enceinte fortifiée de la Tingis romaine, presque rien ne subsiste. Rien ne demeure de la maison du préfet de Rome  quelques dédicaces impériales, une mention de la cohorte des Rhétiens et des cavaliers de l'aile Flavienne, de nombreuses monnaies, un petit nombre d'inscriptions chrétiennes, les ruines d'un aqueduc qui


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11
TANGER

amenait dans la ville les eaux de la Montagne, les ruines des thermes d'Aïn Hammam, une nécropole chrétienne mise à jour sous les dunes entre la plage et la route de Fès, voilà les traces de la domination romaine à Tanger qui dura cependant près de cinq cents ans. On ne sait où était l'amphithéâtre. Un Bacchus enfant, très fruste, provient d'Aïn Hammam; la tombe d'Aurélia Sabina, ancilla christi, qui mourut à vingt-trois ans,

LE MAROC ET SES VILLES D'ART, TANGER, FES ET MEKNES Fscan_19

Une rue de la Qaçba.
Cliché Michaux-Bellaire.

l'an 345, a été trouvée sur la colline du Marchan. Mais partout où l'on a fait des travaux de substruction, on a atteint le sol romain (découverte de la mosaïque représentant Orphée dans les fondations de l'église Espa­gnole).

Tanger demeura depuis 1471 entre les mains des Portugais qui devaient l'occuper jusqu'en 1661, époque à laquelle elle passa aux Anglais par suite du mariage de Charles II avec Catherine de Bragance. Les murs portugais furent alors rétablis et consolidés par les Anglais qui y firent d'assez grands travaux, entre 1665 et 1668, s'ils détruisirent


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TANGER

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Panorama de TANGER. La Qaçba et Dar el-Baroud.
Cliché Michaux-Bellaire.
les églises catholiques. Un tableau de Holler, conservé à Windsor, et une suite de gravures d'après le même auteur, nous donnent de fort curieux aspects du Tanger anglais. Moulay Ismaïl, le grand sultan du Maroc, s'em­pare de la ville et la garnit de canons. Les Anglais la bombardent, après avoir fait sauter la plupart de leurs travaux, en 1684, quand les défenseurs de la foi islamique y rentrèrent. Tanger fut alors à peu près détruite, et ses murailles démantelées.

L'intérêt historique et ar­chéologique de Tanger est entièrement dans la ville haute, la Qaçba, qui fut rele­vée de ses ruines et garnie de batteries par le pacha Ali ben Abdallah (1684-1713): son histoire est désormais une chronique d'aventures et de prises que semble nous raconter la batterie des vingt-six canons de bronze du XVIIe et du XVIIIe siècle du Bordj es-Salâm.

La grande place de la Qaçba est à la fois une place d'armes et une cour d'hon­neur. Elle est bordée par deux prisons très pittores­ques, qui doivent tout à fait rappeler nos prisons du moyen âge et aussi la pratique des œuvres de miséricorde; par ce qu'on


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TANGER


appelle improprement la Trésorerie ; par une impasse au fond de laquelle on trouve la porte du méchouar; par le siège du khalifat du sultan. Cet ensemble n'est autre que ce qui subsiste du vieux palais d'Ahmed Pacha. Ce vieux palais ruineux a une histoire fort intéressante, que M. Michaux-Bellaire connaît parfaitement, et qui nous fait passer en revue tous les


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La Qaçba. Patio de la maison en ruines du Pacha Ali ben Abdallah qui a repris Tanger sur les Anglais en 1684.
Cliché Michaux-Bellaire.
pouvoirs qui se sont succédé dans l'instable Tanger. La tradition dit même que la demeure du préfet romain y avait été élevée sur les ruines d'un temple d'Hercule et que les chapiteaux composites, que l'on rencontre dans les constructions voisines, seraient des vestiges de ce temple. Mais de cela nous n'avons aucune certitude; et c'est une question de savoir si les chapiteaux sont romains. Il est tout à fait vraisemblable de penser que la domus praefecti s'élevait sur cette hauteur, dominant la ville, la cam­pagne et la baie; que le gouverneur portugais s'installa dans ces construc­tions où les Anglais édifier eut l'Upper Castle, le château supérieur (une


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TANGER

salle paraît voûtée à la romaine). Et sur tant de ruines, en 1740, le pacha Ahmed ben Ali, fils du pacha Ali ben Abdallah er-Rifi, qui était entré à Tanger, en 1684, après le départ des Anglais (les ruines du donjon d'Ali sont sur les ruines de la maison de lord Middleton) fit construire le palais dont nous admirons aujourd'hui le pitoyable déclin. C'était un homme énergique et puissant, que le pacha Ahmed ben Ali, tué à El Ksar en 1743, dans sa lutte avec Moulay Abdallah. Ce palais, il l'avait destiné à Moulay el-Mostadni, frère et rival du sultan, qui y passa quel­ques jours seulement, ainsi que Moulay Zin. Moulay Abdallah, victorieux,


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Plan du palais du sultan à la Qaçba. Cliché Michaux-Bellaire.

1.Dherb Ben 'Abbou.
2. Zanqa Touîla.
3. Place du Bit ei-Mâl.
4. Donjon du pacha Ali ben Abdallah.
5. Bàb Hâha.
6. Bàb er-Râha.
7. Écuries du pacha.
8. Mechouar des Khalifas.
9. Colonnade du Bit el-Mâl.
10. Bît el-Màl.
11. Grand Mechouar.
12. Vestibule du paîais.
13. Bàb el-Qasdîr.
14. Ooubbat El-Boukhâri.
15. Le palais.
16. Le Riâdh.
17. La Qoubbat el-Khadra.
18. La tour carrée.
19. Les cuisines.
20. Maison occupée par les Oulâd El-Baqqâl.
21. Dâr ei-Ma'az; les Guenaoua.
22. La mosquée.
23. La petite prison.
24. Là grande prison.
25. Porte d'entrée du Riâdh.
26. Vers Bàb e!-Açâ.



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TANGER

devait habiter peu de temps ce palais, que les gouverneurs et leurs descendants s'approprièrent par la suite. En 1889, quand le sultan Moulay el-Hasan vint à Tanger, dans toute sa puissance, recevoir les légations, il y passa quelques jours; et ce fut l'occasion de réparations hâtives. Ainsi Moulay el-Hasan fit ouvrir la porte des jardins et poser une

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Palais du Sultan à la Qaçba. Qoubbat el-Boukhari.
Cliché Michaux-Bel!aire.

inscription; et Moulay Hafid y séjourna en 1912, après son abdication. Parcourons le palais et le jardin (riad) qui nous présentent des restes très purs de l'art marocain du XVIII° siècle. On peut y entrer, sous auto­risation spéciale, par l'ancien méchouar, long et large couloir dans lequel jadis les pachas donnaient leurs audiences. A droite, on pénètre dans le vestibule du palais. Avant d'arriver à la cour centrale, que l'on aperçoit, un petit escalier, à main gauche, conduit « dans un charmant réduit, un peu triste, constituant ce que l'on appelle la « maison en réduction ».

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TANGER

C'est la Qoubbat el-Boukhari. Un jour, rare, tombe d'un petit patio, décoré d'un plafond de bois. Les murailles sont recouvertes de zelliges, ornées très finement de plâtre ciselé et d'une jolie frise épigraphique. Tout cela s'effrite et va à la ruine; mais tout cela est charmant, d'un goût très mesuré. Le grand patio est un atrium de seize colonnes de marbre blanc avec des chapiteaux d'ordre composite d'un travail moderne. Le sol est pavé de

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Palais du Pacha Ahmed ben Ali.
Cliché Demoulin.

zelliges et, au milieu, se trouve un bassin octogonal avec vasque en marbre blanc. L'ensemble est heureux de proportions et de couleurs. Cinq grandes chambres donnent sur ce patio; celles qui sont placées aux deux extré­mités ont conservé en partie leur ornementation. Celle qui est en haut du patio, la grande coupole, est la mieux conservée, avec ses deux alcôves. Les plafonds sont en bois sculpté, peint et doré; le grand dôme étoilé est particulièrement fouillé. Sur les parois des murailles, des revêtements de plâtre ciselé., une frise épigraphique, des zelliges. Une inscription, sur une

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TANGER


faïence émaillée, célèbre les beautés du palais. « Moment heureux, béni », dit le chronogramme qui donne la date de 1741. Le pacha Ahmed ben Ali devait mourir tragiquement à El Ksar, trois ans plus tard.
Le jardin, ou riad, est un lieu d'abandon, triste et charmant. Quelques palmiers, des figuiers y poussent au hasard; les treilles sont brisées; les

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Tanger. Riad du Palais du Sultan à la Qaçba de Tanger. (Portique en bois sculpté.)
Cliché de la Nézière.

plates-bandes envahies par les folles herbes. De ce fouillis émergent quelques constructions et des qoubbas. Vers la mer, des bâtiments ruineux d'où l'on a une si belle vue sur le détroit, la plus jolie des cages pour de charmants oiseaux; dans la direction du palais, une ancienne tour de guet, portugaise sans doute; en face, la coupole verte, remarquable pavillon, avec une charmante baie à stalactites découpée dans de grands linteaux de bois, une élégante fenêtre jumelée qui éclaire une coupole de bois peint et sculpté. Et, comme partout, les parois sont tendues de la


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TANGER
dentelle du plâtre ciselé. Dans des pièces obscures, gracieuses et délabrées, ou enduites d'un badigeon bleuté, courent des inscriptions, plus justes que jamais, en cette misère: " La richesse est à Dieu " ; et des invocations qui nous paraissent bien dérisoires: " La bénédiction complète, le salut durable. " En vérité, un palais mélancolique dans le site voluptueux de Tanger.

La Trésorerie ou Bit el-Mal est cet élégant pavillon carré, avec une


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Tanger. Le Bit el-Mal. A gauche, le tribunal des Khalifas. Au fond la porte du Méchouar. A droite la colonnade du Bit el-Mal.
colonnade sur un perron, qui est due, sans doute, au premier gouverneur musulman de Tanger après l'évacuation anglaise. Il y a là un ensemble charmant, le plus joli spécimen de l'architecture arabe extérieure qui soit à Tanger, qui nous surprend par la pureté des lignes, l'équilibre des propor­tions, par cette chose, très rare, qu'est ici la simplicité; des colonnes frustes, dont on ne peut déterminer l'âge, forment une sorte de portique et soutiennent des plafonds de bois peint. Une porte conduit à un patio sur lequel donnent deux pièces; c'est là que le pacha de Tanger tient ses audiences, et l'on y remarque une immense coupole dont le plafond de bois a été très heureusement conservé. Ce plafond, d'une forme assez rare, en étoile, très fouillé et rehaussé d'or, est un des plus beaux de ce genre,


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TANGER


qu'il convient de rapprocher de ceux que nous admirerons aux tombeaux Saadiens de Marrakech. Vis-à-vis de cette grande pièce s'en trouve une autre, de proportion moindre, dont le plafond en forme de carène renversée est également fort beau. Tout ce luxe ne convient guère à un Trésor de ville, qui, dans ce Maroc troublé, n'a jamais été qu'une petite pièce, solide

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Porte est de la Qaçba dite « Bab el-Aça ».
Cliché A. Cavilla.

et bien verrouillée. Aussi M. Michaux-Bellaire propose d'identifier le Bit el-Mal avec le caveau qui s'étend sous la construction, et dont la porte ouvre à gauche du perron. Ce que nous appelons le Bit el-Mal, ce charmant petit palais, est en réalité la demeure des anciens gouverneurs musulmans. La grande salle est certainement la salle du trône où le pacha Ahmed ben Ali recevait au XVIII° siècle, où il a fait proclamer Moulay Zin, en 1741. Demeure luxueuse, étrange, inquiétante aussi avec ses couloirs


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TANGER
intérieurs, dissimulés, ses portes secrètes et murées, propres à dérouter les poursuites.

Une mosquée charmante, avec son minaret octogonal, est la Djama el Qaçba, construite dès le rattachement de Tanger au royaume de Fès, et dont une annexe a été édifiée par le sultan Moulay Sliman (1792-1822); en 1889, Moulay el-Hasan y fit la prière publique. Et dans l'enceinte de la Qaçba on a retrouvé un certain nombre de vestiges romains, de l'occupation des Portugais, des locaux de la garnison anglaise qui y cons­truisit la tour de Peterborough. En 1684, les Anglais détruisirent tous leurs travaux, le château des gouverneurs et le môle. La Qaçba eut encore à souffrir, en 1844, du bombardement de Tanger par le prince de Joinville. Et c'est dans la cour de la Qaçba, dont tous les bâtiments avaient été remis à neuf par les ouvriers de Tanger réquisitionnés, que Moulay el-Hasan reçut les ministres étrangers en 1889.

Mais les spectacles les plus artistiques de Tanger ne nous sont pas offerts par ses monuments. Ils résident dans certains aspects de son site: la plage de sable doré, au bord de l'immense courbe bordée d'un ourlet d'écume, où défilent, comme sur un écran ayant pour fond les montagnes d'Andalousie, bleuissantes ou rosés, la procession des pauvres Djebala; le paysage des cimetières musulmans, si beau à l'heure du soir, d'où l'on voit l'épaule de la ville porter tant de cubes blancs, bleus et ocrés; le paysage, comme italien, de la Montagne où, parmi les oliviers et les pins, sommeillent les villas des sultans déchus, Hafid et Aziz; et, dans la ville même, le grand socco, si pittoresque encore, et qui l'était bien davantage il y a quelques années.


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Murailles proches de Bab Mahrouq (époque almohade, vers 1294).
Cliché Beaux-Arts.


FES


Fès, la Florence du Maghreb, est une grande ville d'art. C'est la cité de la science et de la foi, de l'art vivant que représente l'ouvrier fasi. On l'aime ou on la déteste. Mais qui a su lire son visage passionné ne l'oublie plus, et son seul nom fait battre le cœur. Un visage peu pénétrable d'ailleurs : car Fès qui a été historiquement la ville la plus accueillante du Maghreb, jadis la plus juive, la plus mêlée de sang, Fès qui a connu la civilisation andalouse de la cour des émirs de Grenade et de Séville, une ville comme européenne jusqu'au XVIe siècle, est appa­rue aux uns, dans son cadre du moyen âge, comme une ville noire et oppressante; aux autres, comme la cité maudite de la révolte, du fana­tisme, parce qu'elle est celle de la foi. Elle a même semblé, à certains, la ville enveloppée du crépuscule de l'Islam, alors qu'elle est tout activité,


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22
FES

tout travail spirituel et matériel, et surtout tout élégance et volupté. Fès n'est pas une cité, c'est un monde, et, comme Paris, un signe spirituel.

Fès est une ville très ancienne, ou plutôt la réunion de deux villes: Fès la Neuve, qui date du XI° siècle; Fès la Vieille, la cité sainte de Moulay Idris, qui remonte au IX° siècle. Et derrière les remparts cré­nelés de ces deux cités tout le moyen âge vit encore.

Comment s'orienter dans la prodigieuse cité aux mille ruelles ? En s'abandonnant. En se disant que nous sommes sur la montagne Sainte-Geneviève au XVe siècle, autour de la vieille Sorbonne, dans les rues des collèges où l'on enseignait la théologie et le décret, sur la sainte mon­tagne de la science de chez nous. En imaginant que nous faisons la pro­menade de Paris, au temps où Guillebert de Metz le décrivit, sous le règne de Charles VI, que nous traversons le Pont au Change, la basse partie de Paris, la rue de la Tableterie où l'on faisait les peignes, les tables et autres ouvrages d'ivoire, la rue de la Charronnerie, la rue de la Ferron­nerie, la rue des Étuves, les halles des draps, du pain, de la farine, des vieilles robes, la rue Saint-Denis où étaient les épiciers, les apothicaires et les selliers, la rue Saint-Martin où travaillaient les ouvriers d'airain, la rue Quincampoix où demeuraient les orfèvres, la rue de la Courroirie qui était celle des bijoutiers, la rue de Marivaux où l'on vendait le fil, la Saint-Jacques où demeuraient les écrivains, la rue de la Tisseranderie, le cimetière Saint-Jean où l'on faisait des coffres et des huches, la Mortellerie où demeuraient les marchands de bois, la Vannerie où l'on vendait l'avoine, l'Ecorcherie où se tenaient les bouchers, la Poulaillerie, le marché aux herbes. Toutes ces rues existent à Fès, et portent ces noms, qu'on pourrait traduire.

Au fait, le meilleur guide de Fès ne demeure-t-il pas la description minutieuse qu'en fit, vers 1500, Léon l'Africain ?


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Bab Fetouh et le Zahlar à l'horizon.
Cliché  Beaux-Arts.


CHAPITRE PREMIER

L'HISTOIRE  DE  FÈS

LES   ORIGINES
L'auteur du Rawd el-qirtas, qui écrivait à Fès, en 1326, a conté la fondation de la ville de la sagesse, de la science, de la paix et de la religion, pôle et centre du Maghreb, accueillante aux étrangers; de la patrie des docteurs, des légistes, des poètes, des médecins, des études nouvelles. Sur elle rayonnaient la prière et les bénédictions d'Idris, fils d'Idris. Car au moment d'entreprendre les premiers travaux, il leva les mains au ciel et dit ; « O mon Dieu, faites que ce lieu soit la demeure de la science et de la sagesse ! que votre livre y soit honoré et que vos lois y soient respectées ! Faites que ceux qui l'habiteront restent fidèles au souna et à la prière, aussi longtemps que subsistera la ville que je vais bâtir ! ». Saisissant alors une pioche, Idris commença à dessiner le pre­mier ses contours. Mohammed lui-même avait annoncé prophétiquement


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