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Mémoire de la présence Française au Maroc à l'époque du Protectorat
 
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 VISIONS DU MAROC, André CHEVRILLON.

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Pierre AUBREE
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MessageSujet: Re: VISIONS DU MAROC, André CHEVRILLON.   VISIONS DU MAROC, André CHEVRILLON. - Page 4 EmptyLun 27 Fév - 7:04


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VISIONS DU MAROC, André CHEVRILLON. - Page 4 Vision50

- L'oliveraie.


... — quel raffinement d’esthète ! — pour des harmonies de parfums. Les grands dattiers doivent monter de ces jardins.
Plus au sud, une autre imposante construction, un palais encore, le plus beau de Marrakech, jadis l’orgueil de Ba-Hamed, ce demi-nègre fastueux et sanguinaire qui dominait le Maroc quand Abd-el-Aziz n’était qu’un enfant. Cette masse aveugle s’élève au milieu des misérables ruelles du Ghetto, et quand on y arrive, on ne voit que la falaise de son mur. Mais j’y ai logé, j’en sais les secrètes splendeurs. Quelle aventure, la nuit, de se perdre dans son fantastique dédale ! — chambres royales dont les ors, les ciselures, les couleurs se révélaient mystérieusement à la clarté de ma lampe; secrets patios, pleins de clair de lune, cloîtres délicieux et graves, où les orangers en fleur, gardés par de religieux cyprès, exhalaient leur enivrante suavité, où le seul bruit était la rumeur continuelle d’une vasque débordante, la seule vie, celle des brillants feuillages enfermés.
Et là-bas, du côté de Bab-Khemis, non loin des palmiers et des champs de poussière où se tient le marché du jeudi, je reconnais le petit minaret jaune et les toits bleutés de Sidi-Bel-Abbas, la mosquée des pieux mendiants de Marrakech, — les bancroches, les aveugles qui, le jour, bordent les ruelles des souks de leur dodelinante et gémissante misère, et, la nuit, gitent pêle-mêle dans le lieu saint.
A l’ouest, la souveraine Koutoubia domine tout, sommée des trois boules d’or que les djinns protecteurs de la ville entourent depuis huit siècles de leur invisible vol.


VISIONS DU MAROC, André CHEVRILLON. - Page 4 Vision76

- L'oliveraie.



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- La cueillette des oranges dans les jardins de l’Aguedal à Marrakech.


Mais ne regardons pas trop de ce côté, car c’est par là que s’allongent l’avenue des autos et le petit morceau de rue de Rivoli.
Et voilà les jardins de la Mamounya, habités, quand j’y pénétrai pour la première fois, par les seules tourterelles. Cachées dans les épaisseurs des oliviers — les plus beaux oliviers du monde, — elles roucoulaient tout le long du jour. Rêveur, enveloppant murmure, rythmé comme une lente respiration de sommeil. Parmi les houles de feuillages argentés, on découvrait la ruine d’un charmant pavillon, fleuri d’un reste de faïence, qu’un vizir d’autrefois fit construire pour ses femmes. Un grand palace, bien connu des Américains, l’a remplacé.
Plus bas, derrière une haute clôture, commence la Kasba. C’est une autre ville, plus étroite, une sorte d’appendice à la Medina, et qui s’allonge très loin dans le sud en se dispersant. On distingue un peu de la grande courtine de Marrakech qui se replie pour l’entourer. Rien qu’un morceau de la crête, un petit rang de pointes rouillées affleurant derrière des toits lointains. Solennité de la vieille muraille rouge, quand l’approchant du dehors, nous arrivions à son pied. Solitaire, elle monte au bord du désert de pierraille qui fuit à l’infini vers le couchant sous la vague sublime de l’Atlas.
Là, devant un terrain mortuaire, dont les tertres de cailloux s’effacent dans les cailloux, la poterne avancée de Bab-er-Rob détache sur la plaine son cube massif : sous la voûte noire qui le perce de côté, qu’il était beau de voir s’enfoncer, au pas feutré des dromadaires, les caravanes venues en trois jours de Mogador ! Par là aussi, dans le rempart intérieur de la Kasba, se déploie l’admirable porte andalouse, Bab-Agnaou, l’arche glorieuse, dont l’appareil et le rayonnant décor de pierre grise ont gardé à travers les siècles leur impérieuse précision des premiers jours. Et là encore, derrière un humble mur, se cachent les tombeaux saadiens, si longtemps ignorés, la plus délicate, la plus précieuse merveille, au Maroc, de l’art des Arabes, l’un des sommets peut-être de l’art humain. Pâleurs de marbres, ivoirines dentelles, évanouies dans l’ombre et le silence qui enveloppent d’éternité le sommeil des grands morts.
Mais, de toutes ...


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- La cueillette des oranges dans les jardins de l’Aguedal à Marrakech.



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VISIONS DU MAROC, André CHEVRILLON. - Page 4 Vision52

- Souk des teinturiers.


... les beautés du pauvre faubourg bédouin qui s’allonge vers l’Aguedal, rien n’est visible d’ici que la tour de la mosquée Yazid, encore vêtue de sa parure azurée d’émail. Comme elle chante dans le ciel ardent, cette tendre couleur persane ! Quel charme, quelle sensuelle poésie elle ajoute à ce qu’expriment de la foi musulmane les lignes rectangulaires et nues du minaret ! Il règne sur de vastes espaces. A droite, c’est l’étendue lapidée, l’espèce de Crau qui s’en va tendre à l’horizon une ligne plane comme celle de la mer; à gauche, les grands vides de la cité chérifienne, les enceintes militaires, les mechouars, les cours de parade où des rangs de cavaliers acclament, aux jours solennels, l’apparition du sultan-chérif. Un palais solitaire s’élève au milieu de ces esplanades.
Tout s’évanouit au sud en longueurs de tapis bleutés qui, de cette distance, semblent aller jusqu’au pied de la montagne. Les jardins de l’Aguedal, — des orangeraies, des oliveraies à n’en plus finir, interrompues seulement par les grands miroirs d’eau où dorment leurs images et, quand le ciel est tout à fait transparent, le reflet des cimes lointaines et des neiges.

*
* *

Ce tour d’horizon s’achève vite, et les yeux reviennent tomber à l’absorbant spectacle de la place du Trépas. Droit au-dessous de notre terrasse, bruit la fourmilière humaine. L’aspect, d’ici, en est singulier, de ce ton indécis, blanchâtre, jaunâtre, brunâtre, qui est ...



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- Souk des teinturiers.



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- Dans les souks.


... celui de la foule arabe. On ne distingue d’abord qu’un remuement de linges flétris, mais par endroits, là où sont les jongleurs, la mêlée s’épaissit en cercles et se fige. Sur ce fond neutre s’enlèvent quelques taches éclatantes : le vert neuf des paquets de fourrage, l’écarlate des étalages de piments, l’orange des monceaux d’oranges. D’en bas, nous arrive la continuelle rumeur, un embrouillement de mille sonorités. En prêtant l’oreille, on démêle des chants, des cris, des appels, de mordantes voix de flûtes, les tinteries de clochettes des vendeurs d’eau, des bêlements, des sanglots d’ânes, et, par-dessous, sans arrêt, la sombre palpitation des tympanons. Parfois une musique monte au-dessus des autres, précipitant ses battements; c’est comme une subite exaltation, un accès de furie nerveuse.
De l’autre côté de la place, s’étend une sorte de caravansérail, bordé au dehors d’alvéoles noires où brillent des feux de forgerons. Terreuse confusion là-dedans, entre les arcades de terre; obscure agitation de burnous berbères sous le semis des turbans qui pointillent. Les bêtes de charge, les sacs bourrés, la masse mouvante des humains, tout se voile et se mêle dans le flot de poussière qui monte de ce rustique enclos.

III

De tous les spectacles qui nous attirent à Djemaa-el-Fena, le plus significatif est celui des charmeurs de serpents, et je m’y arrête longuement. Autour d’eux, la vapeur de magie qui flotte sur la foule semble se concentrer. Leurs gestes, leurs expressions, leurs regards de secret ou de démence, leurs danses mimées et leurs immobilités subites, l’attitude aussi des spectateurs, tout participe du mysticisme trouble de l’humanité primitive. L’acteur est un prêtre-sorcier; il communique avec l’esprit qui habite la rampante créature, un des obscurs et redoutables esprits de la terre. Il lui parle, il lui commande ; l’étrange bête le connaît et connaît sa puissance.
Entre l’un et l’autre, un lien mystérieux est établi.
En voici un qui vient d’arriver. Un mulâtre. Maigre, ardent, vêtu d’une sorte de chemise crasseuse, jambes nues, longue chevelure annelée, déroulée, une flûte à la main et un poignard au côté, il sautille sur la pointe des pieds, décrivant des cercles autour des ...


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- Dans les souks.



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VISIONS DU MAROC, André CHEVRILLON. - Page 4 Vision54

- Médersa de Ben Yousef.


... deux sacs où sont enfermés ses reptiles. Parfois il s’envole d’un bond sauvage; il bat de la tête, il secoue sa crinière, il jette en haletant des cris brefs. Un fou ou un charlatan ? Ce qu’il semble chercher par cette agitation, c’est l’état singulier où l’homme est, au sens propre du mot, hors de lui-même, confondu à quelque numen, dieu ou démon — dont son corps n’est plus que la chose. L’état sacré pour les sectes extatiques de tant de religions diverses — derviches hurleurs ou tourneurs du Caire et de l’ancienne Stamboul, shakers, nègres méthodistes des revivais d’Amérique, convulsionnaires parisiens du XVIIIe siècle. A Ceylan, dans une fête bouddhique, j ’ai vu des adeptes d’une doctrine de pure ataraxie s’exciter jusqu’à ce désordre. Toutes les danses d’Orient traduisent cette soumission de l’individu à une puissance surhumaine qui tantôt le fige et tantôt le traverse de vibrations, d’ondes et de spasmes rythmiques.
Le jongleur s’est laissé tomber sur ses talons; et maintenant, le front courbé sur une inquiétante gibecière, il débite de rapides, gutturales incantations. Trois fois, pour finir, il clame le nom d’Allah, prolongeant éperdument la dernière syllabe, y épuisant son souffle : Alla-a-ah! A ce moment, les rhaitas qui excitaient sa danse se taisent, l’affolante pulsation des tambours s’arrête; à chacun de ses appels, les musiciens répondent par un bref bourdonnement de prière. Il a pris la posture rituelle par excellence, celle du musulman qui récite le premier verset du Koran, et tout le cercle des assistants la répète, chacun accroupi, les paupières baissées, les paumes jointes et présentées.
C’est l’instant où commence ce qu’on peut appeler le mystère. Penché sur la longue ...


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- Médersa de Ben Yousef.



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- Palais du Glaoui.


... besace qu’il a lentement déliée, l’homme tire de son roseau un susurrant murmure. Surgit une petite tête triangulaire qu’animent deux étincelles. C’est un noir cobra, reconnaissable à son capuchon qui se gonfle à mesure qu’il monte. Où vont-ils les chercher ? L’espèce est tropicale, très rare dans l’Afrique du nord, survivante d’un âge où le Sahara traversé de fleuves portait une faune pareille à celle du Soudan. Le serpent sacré de l’ancienne Egypte, l’Uraeus qui figure l’éternité autour du disque de Ra, sous la corniche des grands pylônes.
Sa membrane déployée, et dont les nervures se violacent, dit son irritation; il oscille, et de sa gueule jaillit un fil sombre qui tremble. Soudain, sur le front offert, la bête se darde. Aussi vite, l’homme s’est rejeté en arrière et, relevé, il reprend sa saltation et sa litanie où se précipitent des noms de saints. Le cobra ne le quitte pas des yeux, tournant attentivement la tête à chaque évolution du danseur.
Quand celui-ci revient s’accroupir devant lui, c’est pour lui jeter des passes. Peu à peu l’oscillation se ralentit, le capuchon se referme, les étincelles des yeux s’endorment ; lentement le long corps luisant retombe et disparaît.
Plus significative encore que la première partie de la scène est la communication à l'assemblée des influences ophiques. Tirant successivement d’un second sac plusieurs reptiles, de lourdes couleuvres d’un gris livide et marbré de jaune, le psylle se les passe au cou, et, chargé de cette vivante et ...



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Palais du Glaoui.




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... froide écharpe qui lui descend jusqu’aux jambes, il fait le tour de son public. Quelques- uns, d’un regard ou d’un geste imperceptible, l’appellent; mais il n’attend pas toujours un signe. Sur les fronts les plus recueillis, il applique une froide écaille, ou bien il en frotte des mains, des pieds, et puis redressé, dominateur, magnétique toujours, il murmure une oraison. C’est un sacrement, une onction, une communion plutôt par laquelle les assistants participent aux vertus de l’animal-dieu. A chacun de ces attouchements, la musique s’exaspère, les darboukas battent comme des tams-tams de sabbat. Ces cadences à contretemps, ce sombre tapage, ce personnage à crinière, son étole de serpents, ses marmottements secrets, coupés d’éjaculations, les répons, les Amen, Amen des acolytes, la fixité aussi des spectateurs, — on dirait une scène de messe noire.
C’est bien un culte; l’officiant est proprement un religieux, membre d’une zaouia à laquelle reviennent les offrandes qu’il recueille. Chaque semaine, dans son sauvage couvent il se livre avec ses frères Aïssaouas à des gymnastiques d’épilepsie. Il faut avoir ...



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- Les tombeaux SAADIENS.



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- Les tombeaux SAADIENS.



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VISIONS DU MAROC, André CHEVRILLON. - Page 4 Vision58

- Dans le Haut-Atlas.


... assisté aux grandes panégyries de la secte, où l’hystérie collective devient celle d’une multitude, pour prendre idée du mystique et dangereux dessous de l’âme primitive. Inoubliable spectacle; il faut de bons nerfs pour le supporter. Des milliers de têtes oscillent en cadence; les bouches écument dans la vocifération rythmée où reviennent les noms d’Allah et de Si-Aïssa; le sang des moutons dépecés vivants, avec les mains, couvre ceux qui personnifient les léopards, les chacals. Quand on a vu ces frénésies où l’homme se sent envahi par un dieu, on sait que la raison n’est pas, comme le croyaient nos pères du XVIIIe siècle, un attribut universel et profond de l’esprit humain, mais une acquisition récente, et qu’il ne suffit pas d’en parler le langage pour se faire entendre de tous les hommes. La Grèce elle-même, où elle est née, a connu ces transports. Bacchanales, fureurs de Ménades déchirant des animaux, orgies dionysiaques, c’est peut être de l’ardente et sombre Afrique que lui sont venus ses cultes de délire.


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- Dans le Haut-Atlas.



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A TRAVERS L’ATLAS  

I

Nous n’avions jamais passé la grande montagne. A cette barrière, quand nous sommes venus pour la première fois à Marrakech, se limitait le pays accessible. Quelques années plus tard, à la fin de la guerre, nos postes n’allaient encore que jusqu’à son pied.
Cette lointaine muraille du Haut-Atlas, comme elle nous était mystérieuse ! Nous approchions de Marrakech quand, à la fin du jour, du haut des Djebilets, nous la vîmes pour la première fois monter derrière les nappes de la palmeraie. Mais plus surprenante fut son apparition, le lendemain matin, à travers les flots de poussière soulevés par le piétinement de la foule au marché du jeudi. Par-dessus la rude porte guerrière du Khemis, et tout ce qui s’enferme derrière les merlons du rempart, elle flottait sur la ville. Sa base se perdait dans le vide; elle semblait étrangère à la terre, suspendue, sans poids, sur notre monde. Ce n’était qu’un fantôme, le fantôme d’un Olympe, d’un céleste royaume des dieux. Par en haut, cela finissait en dentelures d’argent, plus aiguës que le feston de lumière qui cerne parfois un grand nuage. Au milieu de la journée, à travers la pluie enflammée du soleil, on voyait luire d’incertains miroirs. Argent et miroirs des névés et des glaces à vingt-cinq lieues de distance.
Mais qu’y avait-il dans le bleu vaporeux qui pendait par-dessous ? J’imaginais des torrents, des prairies, des forêts comme les manteaux de sapinières qui descendent aux flancs de nos Alpes. Là étaient les domaines et les châteaux de nos alliés les grands kaïds, du M’Touggi, du Goundafi, du Glaoui, d’étranges populations, et par delà, les abords dorés du Sahara, le Souss qui confine à la Mauritanie, Taroudant, dont on parlait comme d’une Tombouctou, où « l’homme bleu », le prophète, le Mahdi de la guerre sainte, El- Hibba, chassé de Marrakech par notre victoire de Sidi-Bou-Othman, préparait contre les Français ses harkas et ses sortilèges. De ces régions interdites, nous ne pouvions que rêver.
Aujourd’hui plus de mystère; les postes français jalonnent le pays jaune entre l’Atlas, l’Anti-Atlas et l’Océan. Quand le général Catroux, qui commande à Marrakech, va les visiter, préparer l’opération qui enveloppera quelque tribu de dissidents, il s’envole par-dessus les sommets. En deux heures, il est aux confins du Rio d’Oro ou dans la haute vallée du Dadès ou du Dra.
Par des cols de plus de deux mille mètres, deux routes, qui dans la montagne cessent d’être empierrées, franchissent aujourd’hui la grande chaîne, l’une au sud-ouest, qui traverse les territoires du Goundafi, et s’en va tomber sur Taroudant; l’autre, au sud-est. qui monte au lunaire domaine du Glaoui, pousse une branche vers Telouet, et, de l’autre côté, descend sur le Dadès. Chemins vertigineux, zigzaguant en lacets au bord de précipices, et peu commodes aux voitures, quand l’orage couvre les hauteurs et que, ...


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VISIONS DU MAROC, André CHEVRILLON. - Page 4 Vision86


... sous le brouillard qui masque les brusques détours, le sol n’est plus que glace ou boue glissante. On y voyage sous la protection de l’autorité militaire, suivant un règlement qui fixe les heures et les jours alternatifs du passage en chaque sens.
Ce matin, nous allons au sud-est, pour gagner Ouarzazat, où nous recevrons l’hospitalité militaire, et de là pousser jusqu’à l’oasis de Skoura, à l’entrée du pays que surveillent nos tours de guet. Il faut être au col avant une heure, après quoi la route nous serait fermée.

*
* *

Première et fausse sortie par Bab-er-Rob, à l’ouest, pour rentrer plus bas par Bab- Ksiba dans les grandes cours royales de la ville maghzen, où la voie est libre. Pendant quelques minutes, nous courons d’abord, face à l’Atlas, longeant sur la pierraille de la plaine le rempart couleur de feu qui présente à la solitude la théorie tragique de ses bastions ébréchés. L’atmosphère est d’une transparence insolite; la montagne, d’un azur plus foncé que d’habitude. Il a plu hier; les cimes étaient cachées, et la neige aujourd’hui y descend bas, luisante et bombée, dans les creux d’ombre, comme l’acier d’un bouclier. L’Atlas semble s’être rapproché de plusieurs lieues.
La Kasba de nouveau traversée, quittée à Bab-Ahmar, on tourne le dos à l’enceinte, et le vrai voyage commence. Il faudrait cheminer comme autrefois à cheval. L’auto va trop vite. Les images précipitées sous les yeux ne s’impriment pas dans l’esprit. C’est un film qui se déroule. Mais on voit les ensembles et la succession des régions différentes.
D’abord la zone de mort qui borde tout ce côté de Marrakech. D’immenses lapias qui sont des cimetières; de la poussière, des ruines — la ruine même de la terre : tumulus, crevasses, fosses, galeries béantes où les générations allaient chercher l’eau souterraine. Quel ravage des siècles ! Une secousse sismique pourrait laisser un tel chaos, mais non pas cette perpétuelle stérilité. J’ai parcouru jadis ce désert bouleversé qui cerne la vieille ville du sud, et y entrait alors à demi. J’ai pu me pénétrer de sa grandeur et de sa mélancolie. La route française le franchit tout droit, sur des viaducs tout neufs.
Et tout d’un coup, après ces désolations, les vergers de la palmeraie, leur ombre verte entrevue à travers les brèches des clôtures, la fraîcheur des jeunes épis sous les figuiers et les amandiers. Bucoliques jardins d’oasis sous les hauts panaches suspendus. Pendant deux lieues le peuple des dattiers nous entoure.
Il passe, et il n’y a plus rien que l’étendue vide. A perte de vue, le pays plan, indéfini, aride, où les accidents s’évanouissent, tacheté seulement des minces bandes de verdure qu’y met la pauvre culture indigène. Obliquement, nous filons vers la montagne qui, là-bas, semble baisser à mesure qu’elle approche de la ligne d’horizon. Un lourd cumulus monte sur ce lointain de la chaîne, et le couvre d’une ombre assez inquiétante. Mais au sud, en plein soleil, l’hiver des crêtes resplendit.
De ces lieues et ces lieues de perspective fuyante, où les accidents s’évanouissent, que reste-t-il dans la mémoire ? Seulement ce qui revient toujours passer aux premiers plans. Des champs de sorgho, des champs de cailloux, de la broussaille, des chardons, des lavandes, des nappes ...


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page 93

VISIONS DU MAROC, André CHEVRILLON. - Page 4 Vision87


... d’orges ou de blés; parfois le dôme solitaire d’un marabout, une rigole d’eau vive, la roue d’une noriah abandonnée, ou bien, sur un oued qui traîne dans sa laisse de galets, l’arche démantelée d’un vieux pont en dos d’âne. On travaille à la route. Singulières équipes de terrassiers, en linges flottants et blêmes comme leur tas de cailloux. Venus de loin sans doute, car ils campent : leurs tentes sont là — les blanches tentes de l’administration française.
Et maintenant les premiers signes de la vie berbère : de petites files de campagnards, en cotonnade bleue, — le bleu de ce monde plus ancien que l’Islam, dont on retrouve partout, au Maroc, la couleur derrière le blanc des populations arabisées.
Des vieux, des jeunes, et tous sont beaux. Admirables, les femmes, toutes pareilles à leurs sœurs bédouines de Palestine et de Syrie. Dans les plis nombreux du peplum qu’une fibule d’argent agrafe à l’épaule, ce sont de vivantes statues, — combien différentes des musulmanes des villes, toujours masquées, enveloppées comme de mystérieux paquets ! Celles-ci marchent le visage découvert, jambes nues, superbes de liberté primitive, quelques-unes portant sur la tête un fardeau, les deux bras levés hors de l’étoffe tombante.
Quelquefois un village de type singulier, ni arabe ni berbère : un cercle de huttes rondes sous un cornet de roseaux, comme on en découvre un peu partout dans le bled marocain où ils mettent une surprenante note nègre. On en a cherché bien loin l’origine. Faut-il y voir une survivance — comme les cobras du Souss, comme, il y a cinquante ans, les derniers lions de l’Atlas, comme les éléphants des temps carthaginois — de l’âge préhistorique où nul désert ne séparait le Sénégal de l’Afrique du Nord ? Une race à peau noire a pu s’étendre jusqu’ici, dont les Harattins du Souss et du Mzab seraient les descendants.
La montagne a perdu sa grandeur, les sommets passant peu à peu derrière les contreforts. Elle ne montre plus que son pied, un médiocre ruban de plateaux creusé d’ombres par des ravins. Plus de voile prestigieux qui nous fasse rêver de forêts. On voit ce qu’elle est : de la roche ponctuée de pelotes végétales, et qui, plus loin, s’y fondent en un ton verdâtre de bronze. Plutôt décevante, cette approche du Haut-Atlas.

II

Vers neuf heures, nous sommes à l’entrée d’une vallée, et la grimpée commence. L’heureux changement de paysage ! Les eaux venues des hauts replis se rassemblent dans ce couloir, et y apportent la vie. Sous la route, bondit un torrent; les ...


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MessageSujet: Re: VISIONS DU MAROC, André CHEVRILLON.   VISIONS DU MAROC, André CHEVRILLON. - Page 4 EmptyMar 28 Fév - 8:15

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VISIONS DU MAROC, André CHEVRILLON. - Page 4 Vision88

- Le col du Tichka.


... fraîches cultures abondent; il y a des jardins, des fourrures d’oliviers qui s’argentent. Au rocher qui perce par en haut s’accroche un douar, en bonne position de défense contre les pillards. Le douar typique du pays chleuh : un simple agglomérat de cellules en rangs superposés, chaque rang sous une longue plate-forme de la même glaise que les murs. Un vrai nid de guêpes collé à la pierre. Comme on sent ici l’être collectif qu’est un village berbère !
Le temps est lourd ici, et la vallée s’enfonce dans une fumée qui pourrait annoncer l’orage. Et tout d’un coup, dans cette chaleur, qu’est-ce que ce papillonnement de flocons qui dansent devant nous ? L’un d’eux, qui vient s’écraser sur le pare-brise de la voiture y laisse une tache d’huile jaune. Les sauterelles... Bientôt, c’est toute une pluie ; vite il faut fermer la glace, et déjà quelques-unes nous sont tombées sur les genoux. Très longues, très belles; je vois leurs têtes, les lentilles de leurs yeux, les lames de leurs corselets, les articulations de leurs longues pattes si bien faites pour la détente, leurs élytres qui les portent si loin. Celle que j’essaye de prendre a très bien vu l’approche de ma main; elle a compris mon geste; elle y répond tout de suite en s’envolant. Un instant, son esprit d’insecte et le mien ont communiqué.
Elles arrivent, dit-on, du Soudan; elles obscurcissent parfois le ciel de leurs nuages; sur tout ce qu’elles voient de vert elles s’abattent pour manger et pondre. Entre Constantine et Tunis, il nous est arrivé de rouler tout un jour sur les nappes noires de leurs criquets; les traces des voitures devant nous semblaient marquées dans de la graisse. C’était en avril, au moment où les jeunes pousses et les floraisons enchantent le Sahel; partout où ils avaient passé, la campagne reprenait son aspect dépouillé d’hiver. On les pousse dans des tranchées, on les couvre de chaux vive, on les empoisonne par masses; les sauterelles reviennent toujours. On rêve à l’aveugle prodigalité de la nature. Ces créatures parfaites, si complexes, ne les produit-elle que pour cela : manger, pondre, et que l’espèce dure ? Leur vie, la vie n’a-t-elle qu’en soi sa raison d’être ? Est-ce le déroulement d’une mécanique à tout jamais remontée qui la répète continuellement sur notre planète ? Est-ce notre illusion d’y chercher un sens ?


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- Le col du Tichka.



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VISIONS DU MAROC, André CHEVRILLON. - Page 4 Vision89

- Au tournant de la route.


Ensuite vient la vraie pluie, par gouttes espacées d’abord, puis battante. Pendant quelque temps, on voit encore quelque chose de l’intérieur du massif. Plus de verdure : indéfiniment les plans de roche rouge, semés de touffes sombres, et dont la triste monotonie n’invite guère aux ascensions.
Et voilà de nouveau des flocons, blancs cette fois, et qui fondent tout de suite en touchant la vitre. Et puis la brume, et le froid, et la boue, et bientôt, des deux côtés de la route, une bordure de neige. La neige, elle se met à tomber en tempête, couvrant maintenant le pare-brise d’une croûte de verglas, ne laissant un peu de vue qu’à travers l’étroit secteur où fonctionne le balai automatique. Les roues flottent; nous marchons à dix kilomètres à l’heure. Que dire d’un tel trajet ? Il n’a plus que l’intérêt technique de ses difficultés. Nous étions trois promeneurs, l’un habitué aux lacets et à l’hiver des Alpes, et plus sûr au volant qu’un chauffeur de rencontre.
Ainsi jusqu’au col que, plusieurs fois, nous avions cru atteindre, la montagne s’élevant par vagues successives. Un seul arrêt, à Taddert, a rompu l’ennui de cette traînante montée. Je n’ai vu que là des spectres d’arbres, celui, non moins vague et perdu, d’un village en gradins, et, sous la route en corniche, un vague abîme, plein de brume et de neige tourbillonnante.
Des curieux sont venus nous entourer, tous encapuchonnés, enfermés de la tête aux pieds dans le manteau de si grand caractère que portent les montagnards du Haut-Atlas, ce raide et pesant burnous qui change en cône la silhouette humaine, et dont la noirceur s’éclaire sous le dos d’un croissant rouge comme une lune montant au bas de la nuit.
La neige tombait toujours, en tourmente. Ces figures apparues dans la rafale glacée, et puis le bon refuge de la cantine, son petit poêle de fonte où l’on se réchauffait les mains, — c’est presque tout le souvenir que m’ait laissé Taddert.

*
* *

Au col de Tichka, nous sommes arrivés juste à temps pour trouver encore la route ouverte. D’une cabane vaguement estompée dans la grise et blanche désolation, un militaire surgit, qui nous arrêta. Les permis de passage ! Quand il les eut tournés et retournés, sans mot dire il nous fit signe de continuer. Ce soldat français, seul, par ce temps, sur un haut col de l’Atlas, on avait envie, pourtant, de lui dire quelques mots d’amitié. C’est en allemand qu’il nous répondit, et qu’il fallut poursuivre la conversation.
Ja, ja, alles sehr angenehm hier... Ja wohl : Léchion étranchère.
Non, il ne s’ennuyait pas du tout; il avait un poêle, un bon lit, des livres, des conserves ;



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Au tournant de la route.



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MessageSujet: Re: VISIONS DU MAROC, André CHEVRILLON.   VISIONS DU MAROC, André CHEVRILLON. - Page 4 EmptyMar 28 Fév - 8:16

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VISIONS DU MAROC, André CHEVRILLON. - Page 4 Vision90

- Aït ben Adhout.


... on était très bien dans la cabane et, le surlendemain, il serait relevé. Il refusa du tabac; il y en avait toute une provision dans le poste.
Il avait des yeux bleus, une figure douce, enfantine, presque poupine. Il se mit à rire de ses jeunes dents quand on lui demanda si la Légion Etrangère était vraiment l’enfer que l’on dit en Allemagne. Il était content. Il me rappelait cet autre Allemand du même corps, un certain Fritz, fidèle ordonnance du général Lyautey pendant la guerre, que j'avais vu, en 1917, s’empresser autour de son maître avec une si évidente satisfaction. Un brave chien de garde, celui-ci. Une bonne pitance, une chaude niche, de la tranquillité, une consigne intelligible, il n’en demandait pas plus à la vie.
Il y eut de l’effusion dans son Atieu, Atieu ! et il joignit les talons pour nous faire le salut militaire.
Le col passé, nous courions, entre les deux versants sur le dos de l’Atlas, un large plateau où, très vite, les volées de flocons s’éclaircirent. Alors, le temps se dégageant, de vastes espaces apparurent. Sur une longueur de plusieurs lieues, une sorte de cirque se creusait dans la direction générale de la chaîne entre les grands sommets à présent prochains et singulièrement abaissés. La tempête dont nous sortions ne semblait pas y être entrée. Le ciel était immobile et gris, le fond de l’immense cuvette presque noir, et çà et là marbré de blanc; alentour se déroulaient les froids linceuls que des roches à pic striaient de leurs saillies nues. Partout ce blanc et ce noir funéraires, sans reflets, sans vapeurs, en lignes et taches d’une saisissante précision dans une clarté blême. C’était ...


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- Aït ben Adhout.



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MessageSujet: Re: VISIONS DU MAROC, André CHEVRILLON.   VISIONS DU MAROC, André CHEVRILLON. - Page 4 EmptyMar 28 Fév - 8:17

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VISIONS DU MAROC, André CHEVRILLON. - Page 4 Vision91

AIT BEN ADHOUT-KASBA.



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AIT BEN ADHOUT-KASBA.



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MessageSujet: Re: VISIONS DU MAROC, André CHEVRILLON.   VISIONS DU MAROC, André CHEVRILLON. - Page 4 EmptyMar 28 Fév - 8:18

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VISIONS DU MAROC, André CHEVRILLON. - Page 4 Vision92

- Aux abords du désert.

- Sur la route de Skoura.


... comme un morceau gelé de planète sans vie. Sans doute, on voit cela, en hiver, dans notre Auvergne et dans nos Alpes. Mais ici, rien pour nous n’avait un nom. Je songeais plutôt à quelque vallée de l’extrême Norvège, à l’entrée du monde polaire où l’Europe finit dans du silence.

*
* *

Descente facile de ce côté de la montagne, que les mauvais temps n’atteignent guère. Ce n’est pas sans raison que les Chleuhs établis sur ce versant s’appellent « les fils du Soleil », par opposition à leurs frères du nord, qu’ils nomment « les fils de l’Ombre ».
Le soleil, il a fait son apparition dans une trouée d’azur, et il a vite commencé de chauffer. Des bouquets de thuyas couvraient les premières pentes, et leur noirceur brillait sous ses rayons. Puis ce furent des aulnes, des lauriers-roses, en rubans, au long ...



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- Aux abords du désert.


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- Sur la route de Skoura.



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VISIONS DU MAROC, André CHEVRILLON. - Page 4 Vision93

- Un tighremt dans le désert.


... d’un grand oued dont l’eau ruisselante roulait dans ses cailloux de la lumière. La vallée s’ouvrait de plus en plus, devenait tout un pays.
Alors les signes de la présence humaine, — présence bien humble, bien dispersée, à en juger par ces quelques champs dont les murs enferment plus de pierres que d’épis, ces restes de masures, qui, dans ces grands espaces, ne semblent que des accidents du terrain. Un troupeau de moutons, presque confondu au sol fauve, broutait autour d’un monticule où l’on ne voyait rien à brouter. Une tache brunâtre apparut au flanc lointain de la montagne, un douar, difficile à distinguer, lui aussi. Une file de chameaux ondulait par là comme une lente chenille laineuse.
Puis, à un détour de la piste, ce fut une de ces kasbas de l’Atlas, dont j’avais déjà vu bien des images. Quelle surprise pourtant quand se présenta la première ! Montée sur une butte, tout au bord de la route, elle resplendissait au feu baissant du soleil. Nous l’avons longtemps regardée.
Cela tenait de la bastille féodale, et plus encore de ces constructions militaires du plus antique Orient, dont certains bas-reliefs d’Egypte et d’Assyrie nous montrent la silhouette. Cinq tours quadrangulaires, larges, massives, en trapèze, comme les monuments pharaoniques, mais faites de la plus friable matière : simplement de la terre battue. Entre ces fortins, la muraille était sans ouverture, piquée seulement de ces rangs de petits trous que présentent toujours les grandes clôtures sarrasines (on les voit aux remparts de Grenade), et qu’habitent les émouchets ou les pigeons. Une forteresse ...


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- Un tighremt dans le désert.



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MessageSujet: Re: VISIONS DU MAROC, André CHEVRILLON.   VISIONS DU MAROC, André CHEVRILLON. - Page 4 EmptyMar 28 Fév - 8:21

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- Le douar de Ouarzazat.


... comme on en pouvait bâtir aux temps où les hommes ne combattaient qu’avec des frondes, des arcs et des lances, — bonne encore contre le feu des mousquets, mais qu’une baliste romaine eut du premier coup éventrée. Les vents, le soleil, les gelées avaient fait leur œuvre, dénivelant les crêtes, ouvrant des brèches, rongeant et lézardant partout le grossier pisé. Toutes ces masses étaient moins écroulées que fondues, comme, après les premières vagues de la marée, ces ouvrages de sable ou de limon que des enfants construisent sur une plage.
C’est cet abandon aux forces de la nature qui fait si vite le grave accord des constructions indigènes et de la nature environnante. Cette ruine continuait la ruine de la butte ; son pied rouge sortait du cailloutis rouge; il grimpait, descendait en suivant toutes les bosses et les excavations du terrain. La fière et misérable kasba semblait avoir toujours fait partie du paysage ; elle le rassemblait autour d’elle, et lui donnait un sens.
Elle n’était pas tout à fait morte. Un appentis s’y accotait, et, sur la terrasse, une famille paysanne, accroupie, ne faisait rien que regarder le soir : un homme en rude selham, deux femmes, des enfants, en compagnie de chèvres et de poulets.
De la porte surgit un petit baudet hirsute. Une fillette le suivait. Coiffée d’une couronne de roses, une svelte épaule sortant du bleu de sa robe, elle avait l’élégance drapée d’une Tanagra.
D’autres châteaux suivirent, proches ou lointains. Il y eut même, à l’orée de la vallée, une sorte de ville qui n’était faite que de châteaux. Ils étaient bien une vingtaine, serrés, ...



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- Le douar de Ouarzazat.


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MessageSujet: Re: VISIONS DU MAROC, André CHEVRILLON.   VISIONS DU MAROC, André CHEVRILLON. - Page 4 EmptyJeu 2 Mar - 8:53

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- Kasba de Ouarzazat.

... sans intervalle visible entre les murs. Vision fugitive — nous n'avions plus le temps de nous arrêter, — et la plus étrange de ce voyage. Toujours les tours pyramidantes mais extraordinairement minces et hautes, celles-ci. Nulle apparence de ruine dans ce ksar : des lignes, des surfaces parfaites et comme neuves. Avec leurs têtes percées de deux trous noirs, et surmontées de petites cornes, ces grêles tours, pareilles comme les individus d’une espèce, et tournées toutes du même côté, avaient l’allure d’une harde de girafes qui se pressent l’une contre l’autre, haussant, étirant leurs longs cous pour guetter au loin quelque danger. Etagées en troupeau sur une colline de roche et de terre pulvérulente, dernier ressaut de la montagne à l’entrée des étendues mortes, elles surveillent, jusqu’à l’Anti-Atlas, le désert qui développe ses ondes entre les deux chaînes.

*
* *

La fin de la route — une dizaine de lieues encore à travers cette espèce de mer pétrifiée. Nous passions d’une vague à l’autre; tantôt, quand nous descendions dans les creux, elles se silhouettaient en lames noires et sinueuses; tantôt, quand nous montions sur les crêtes, c’était un hérissement confus, à perte de vue, sous un ciel d’acier. De pâles étoiles s’allumaient déjà, mais sur les plans prochains, les couleurs étonnamment diverses de ce monde minéral se distinguaient encore : ici des jaunes de soufre, ailleurs des blancs de craie, du gris de cendre et du gris d’ardoise, des nappes d’or pâle, d’autres, ...



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- Kasba de Ouarzazat.



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MessageSujet: Re: VISIONS DU MAROC, André CHEVRILLON.   VISIONS DU MAROC, André CHEVRILLON. - Page 4 EmptyJeu 2 Mar - 8:54

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VISIONS DU MAROC, André CHEVRILLON. - Page 4 Visio106

- Le désert à Ouarzazat.


... d'un brun rosé, des traînées rouges, et, par endroits, cette noirceur calcinée dont la brûlure du soleil saharien finit par revêtir certaines roches, et qu’on appelle la patine désertique. Tous ces tons — les tons de la pierre qui a passé par le feu — dispersés sur des espaces de plus en plus chaotiques : surgissantes houles, plateaux ondoyants ou disloqués que dominent au loin les ghour, ces tables de calcaire que l'érosion éolienne a isolées sur un socle étroit dont on pourrait compter les strates. Toutes sortes de bizarres formations, quelques-unes prismatiques, prolongeant par en haut les craquelures verticales d’une grande faille. Ou bien, des superpositions d’assises en retraits successifs, rappelant les pyramides à degrés de la Basse-Egypte.
Rapidement, tout s’est obscurci, et rien n’est resté que la piste accourant de la nuit sous le rayon des phares, et les scintillations de l’espace, — le firmament du désert à onze cents mètres d’altitude.
Je commençais à m’engourdir quand des silhouettes noires de palmiers se sont levées, et puis un grand piton vaguement profilé sur le semis des astres. Ouarzazat enfin ! Un mokhazni, muni d’une lanterne, nous attendait au bas d’une rampe, et quelques minutes plus tard, les officiers du bordj nous tendaient les mains.
A huit heures, en plein désert, dans la maison du chef de poste, nous nous retrouvions en France. Une voix de femme qui vous accueille, des fleurs, des rayons de livres, un décor intime et personnel, un dîner sous la lampe, une libre causerie comme avec des amis, que cela est bon après cinquante lieues dans les solitudes du Haut-Atlas ! Et quel souvenir on garde d’une telle hospitalité !



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- Le désert à Ouarzazat.



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MessageSujet: Re: VISIONS DU MAROC, André CHEVRILLON.   VISIONS DU MAROC, André CHEVRILLON. - Page 4 EmptyJeu 2 Mar - 8:55

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- Kasba de Taourirt de Ouarzazat, Haut-Atlas.

AU PIED DE L’ANTI-ATLAS

I

L'EGYPTE encore, mais cette fois retrouvée dans le paysage. Les grandes houles que nous avons traversées sont loin. La terre, par ici, n’est qu’une croûte d’or pâle. Des dattiers s’y lèvent, mais peu nombreux. Ils s’isolent ou s’alignent par files, chaque souple tige, chaque brillant bouquet détaché à part sur ce fond vermeil et sur l’azur.
Assis sur un talus, heureux de ne plus courir, je ne fais rien, ce matin, que m’emplir de la beauté des choses. Le Dadès est là, tout près. Ce n’est pas le Nil, mais le lit pierreux de ses crues, où luisent quelques rubans bleus, est aussi vaste. Des palmes, en rangs, bordent ses deux rives, comme celles qui, du côté d’Assouan, allongent entre le fleuve et la nudité radieuse du désert deux raies de vive verdure. Et par delà ce grand vide, les premiers plateaux de l’Anti-Atlas, du blond le plus léger, et sillonnés d’ombres bleues, m’évoquent les terrasses de la chaîne lybique au-dessus de Thèbes. Les yeux ne s’étonneraient pas ...


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- Kasba de Taourirt de Ouarzazat, Haut-Atlas.



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MessageSujet: Re: VISIONS DU MAROC, André CHEVRILLON.   VISIONS DU MAROC, André CHEVRILLON. - Page 4 EmptyJeu 2 Mar - 8:56

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TOUR DE LA KASBA DE TAOURIRT.



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TOUR DE LA KASBA DE TAOURIRT.



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MessageSujet: Re: VISIONS DU MAROC, André CHEVRILLON.   VISIONS DU MAROC, André CHEVRILLON. - Page 4 EmptyJeu 2 Mar - 8:57

page 105

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... d’y rencontrer les trous noirs des hypogées de l’Assassif. Ouarzazat même, cet amas de masures d’un gris de limon, en triangles tronqués, ressemble au village indigène de Louqsor.
Mais, au nord, sur tout l’horizon se déploie le Grand Atlas, d’une merveilleuse pureté à travers l’atmosphère aride. Blanc et bleu : bleu clair, hyalin, à peine distinct de celui du ciel ; blanc immaculé du manteau que la tempête d’hier y a jeté, et qui descend aujourd’hui bien plus bas que les crêtes. Une chaîne haute comme les Alpes, vingt-cinq lieues de neiges aériennes suspendues sur l’or du pays saharien, — je n’avais jamais vu cela, et c’est un des plus grands aspects de la terre.
Quel air que celui de ce pays ! Je croyais respirer la jeune lumière. Je fermais les yeux pour en mieux goûter l’aride et tressaillante vivacité. Souffle vierge comme aux premiers temps du monde, et dont je me pénétrais jusqu’au fond des poumons. Un air à ressusciter des morts. Encore une sensation de Haute-Egypte que je retrouvais là. Sensation de tout l’être organique, et dont le souvenir profond survit à celui de toutes les images. Au cours d’une lente convalescence, pendant des mois, sur la berge du Nil, je m’étais enivré dans ma jeunesse de ce pur fluide de vie. Et c’était la même paix radieuse, la même immensité de silence et de lumière.
Quelques humains parurent. C’étaient des soldats nègres, nus jusqu’à la ceinture, qui venaient laver du linge au bord d’un petit bras de l’oued. Ensemble, en cadence, ils commencèrent de piétiner leur lessive. Eclaboussés d’eau et de soleil, les muscles de leurs torses magnifiques ondoyaient en reflets de métal. Ils se mirent à chanter : un chant traînant, coupé de soudains silences, et dont les retours scandaient leur danse.
Ils n’étaient pas à cinquante mètres, mais les voix semblaient lointaines, affaiblies, perdues dans l’immensité de l’espace.


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page 106

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- Dans la Kasba de Ouarzazat.

*
* *

Ce qui nous attire à Ouarzazat, c’est un château du Glaoui, un de ses lieux forts, plus typiquement indigène que la célèbre kasba de Telouet, dont l’architecture a subi les influences arabes.
A première vue, elle est formidable, cette accumulation de parapets et de bastions dressés les uns derrière les autres, — le donjon central si haut que l’ensemble du massif ne paraît en être que la base. Une telle citadelle annonce un seigneur dont la domination s’étend loin. Au pied de son rempart, le ksar de Ouarzazat n’est rien, — quelque chose comme un village de castors sous une falaise au bord de l’oued. Elle est pourtant faite de la même boue séchée qui s’effrite si vite. Et que ses parures sont naïves ! — simplement des zones d’un enduit blanc comme sur les poteries chleuhs et kabyles, des sortes de collerettes dentelées au cou des tours. Et plus bas, des lignes de chevrons, grossièrement gravées sur les surfaces de terre grenue, — ce géométrique décor qu’on retrouve sur les os de rennes des cavernes, première invention de l’homme s’efforçant obscurément vers l’art.
La conception, les matériaux, les ornements, tout ici est berbère. Cette forteresse n’est, à une autre échelle, qu’un de ces tighremts, où les familles d’un douar enferment, à l’abri des pillards, leurs récoltes de noix et de grains — des provisions d’écureuils — et se réfugient avec leurs troupeaux en cas d’attaque.



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- Dans la Kasba de Ouarzazat.



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